Le pari est audacieux : interroger à travers une sélection de cent images extraites des collections vertigineuses de la Bibliothèque nationale de France, qui en comptent cinq à six millions, la notion de chef-d’œuvre en photographie tout en montrant, ou en rappelant, la richesse de ces fonds et la politique d’acquisition visionnaire de leurs conservateurs.
Pari et exercice d’autant plus téméraires, mais réussis, que pour les commissaires – Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la Photographie de la BNF, et Marc Pagneux, collectionneur et expert –, il ne s’agissait pas de rassembler les cent plus belles ou iconiques photographies de l’institution, ni de définir une fois pour toutes ce qui est ou non un chef-d’œuvre, mais de questionner le concept. Et par là même de faire voler en éclats quelques certitudes, quelques repères en photographie, quitte à susciter des controverses, des critiques… Ce qui pourrait l’être au regard de leur sélection elle-même audacieuse menée dans tous les départements de la Bibliothèque et mêlant photographies célèbres (telle La Vague brisée de Le Gray), inattendues ou jamais exposées, comme le somptueux dessin photogénique de 1839 d’une feuille de vigne signé William Henry Fox Talbot acquis par la Bibliothèque en 1960 à Genève lors de la première vente aux enchères consacrée à la photo historique.
Plusieurs principes (exemplarité dans le corpus de l’auteur, entrée peu banale dans les collections…) ont en effet prévalu à la sélection qui rassemble des auteurs de renom (Atget, Nadar, Le Gray, Man Ray, Cartier-Bresson, Brassaï, Kertész, Sudek, Arbus, Eggleston, Robert Frank…), méconnus (Heilmann, Rudomine, Aubry, Goplo…) ou délaissés (Pierre de Fenoÿl, Luigi Ghirri), mais aussi anonymes ou amateurs comme Degas, Robert de Montesquiou ou Zola, dont l’autoportrait avec son chien Pimpin clôt le parcours, qui mélange époques et genres emportant le visiteur dans un panthéon sublime de modernité, de sensibilité et de visions. Un parcours certes subjectif, car « construit de photos qui nous hantaient avec Marc Pagneux », souligne Sylvie Aubenas, tout en notant « le caractère fluctuant de la notion de chef-d’œuvre en photographie, bien plus qu’en peinture ou sculpture au regard de l’histoire récente du médium ».
Bibliothèque nationale de France François-Mitterrand, quai François-Mauriac, Paris-13e, www.bnf.fr
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Au panthéon de l’image fixe
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°653 du 1 janvier 2013, avec le titre suivant : Au panthéon de l’image fixe