Au musée de l’homme, la délicate déconstruction du racisme

Le thème de cette première exposition temporaire d’envergure s’imposait : le musée-laboratoire s’est fondé sur la conviction de l’ethnologue Paul Rivet selon laquelle la science mettrait fin au racisme, et le nouveau musée a fait de la réponse aux grandes questions de société son premier objectif pédagogique. Mais contrer le simplisme de façon intelligible n’est pas chose aisée.

À cet égard, la première salle est réussie : sur un écran à 360 degrés sont associés au portrait filmé d’une quinzaine d’individus des jugements a priori objectifs : « noir », « blanc », « jeune », etc. Puis viennent les rapprochements géographiques, sociaux ou religieux que la réalité finit par démentir : l’Arabe n’est pas toujours musulman, ni l’immigré un ouvrier. La construction mentale du préjugé est ainsi décrite sans mobiliser de concept ardu, et l’objectif annoncé, « être compréhensible par des enfants dès l’âge de 10 ans », paraît rempli. Ensuite, l’exposition déroule de façon plus classique – et plus conceptuelle – des définitions clés (« stéréotypes », « catégorisation », « essentialisation »), avant une aile historique sur les racismes institutionnalisés. Une dernière partie rassemble témoignages, statistiques et analyses d’universitaires.

Si la conception est rigoureuse et les efforts de médiation notables (notamment les jeux vidéo sur les clichés), le succès de l’exposition tiendra à la capacité du Musée à faire venir un public plus large qu’à l’accoutumée, l’institution misant sur des partenariats et une communication spécifique. À l’automne, une étude des publics et de leurs attentes permettra une évaluation autre que celle touchant à la qualité intrinsèque de l’exposition.