« Sans appareil photo, je suis souvent inquiète et impitoyable dans mes jugements. Avec un appareil photo, j’arrive enfin à voir et à trouver un sens à tout cela », confie Judith Joy Ross.
Ce caractère, on le perçoit en filigrane dans la très belle rétrospective que signe le curateur américain Joshua Chuang après avoir passé dix ans à étudier les archives photos de la portraitiste américaine. La photographie comme moyen « pour poser des questions » se confond chez elle avec le besoin d’analyser autant la société américaine que son existence dans cette région défavorisée de Hazleton, au nord-est de la Pennsylvanie, où elle est née en 1946 et demeure toujours. Prendre des photos d’adolescents dans le parc de loisirs où, enfant, elle allait se baigner avec ses frères pour saisir les émotions de l’âge, ou demander à des visiteurs du Mémorial des anciens combattants du Vietnam à Washington de poser en leur demandant ce qu’évoque la guerre pour eux aboutit invariablement à la constitution de séries de portraits marquants par ce qu’expriment regards et attitudes. Fidèle à la chambre photographique et à la méthode ancienne de tirage par contact, Judith Joy Ross a réalisé la plupart de ses photographies autour de chez elle avec pour référence Eugène Atget, Lewis Hine et August Sander, mais sans jamais avoir eu, à la différence de ces derniers, de studio, compte tenu des moyens financiers limités dont elle a disposé pendant longtemps.
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Au fond de l’âme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Au fond de l’âme