« Peut-on faire des œuvres qui ne soient pas “d’art” ?» Partant de cette interrogation de Marcel Duchamp, Rebecca Lamarche-Vadel, commissaire de l’exposition « Le Bord des mondes », interroge les limites de l’art et entend bien repousser les frontières.
Arpentant les pays, elle est allée à la rencontre de créateurs, chercheurs, inventeurs évoluant dans les mondes parallèles de leur propre création. Au fin fond de la Turquie, elle a découvert le village de Kuşköy, dans lequel ses habitants communiquent par sifflement. Les vallées peu praticables ont obligé les autochtones à inventer un langage sifflé qui varie d’une famille à l’autre, à la manière de différents dialectes. L’acte de créer fait-il du produit fini une œuvre d’art ? A-t-on a besoin de se revendiquer artiste pour faire une œuvre ? Depuis maintenant six ans, Bridget Polk réalise ses Balancing Rocks, ou pierres en équilibre. Elle sélectionne d’abord les pierres, les soupèse pour éprouver leur densité, puis les installe en trouvant un point d’équilibre. Moins que la réalisation d’une œuvre d’art, sa démarche est avant tout un principe de méditation, un processus qui lui permet de se concentrer et de se réaliser. L’émotion est en revanche au cœur du travail de Rose-Lynn Fisher, qui analyse au microscope ses larmes à chaque fois qu’elles coulent. Fruits de différents sentiments, elles montrent une véritable cartographie de la sensibilité humaine. Perdu dans le labyrinthe de ces différents mondes mis en exergue par la scénographie, on ressort de cette exposition brillante la tête pleine de questions.
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Au cœur de mondes parallèles
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Abonnez-vous dès 1 €« Le Bord des mondes », Palais de Tokyo, 13, avenue du Président-Wilson, Paris-16e, www.palaisdetokyo.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : Au cœur de mondes parallèles