À la dissolution du royaume de Bénin, à la fin du XIXe, des milliers d’objets de la cour royale rejoignèrent les réserves des musées européens. Panorama de cet art fait de bronze et d’ivoire...
C’ est un éclairage nouveau sur l’art africain qui se fait jour dans l’exposition « Bénin, cinq siècles d’art royal » visible au musée du Quai Branly. La statuaire y apparaît différente de tout ce qui était produit par les ethnies vivant dans les villages.
Cet ancien royaume situé dans le sud-est du Nigeria a duré cinq siècles, du XVe au XIXe siècle, gouverné par des rois puissants et riches. Les artisans disposaient de grandes quantités de laiton et d’ivoire, deux matières très rares et coûteuses, car capables bien plus que le bois de défier le temps. Dans ce continent qui, faute d’écriture, paraît dépourvu d’histoire, les têtes des souverains, coulées en laiton, sans être des portraits, sont traitées avec réalisme et font référence à des personnages réels. Elles ont même permis d’établir une chronologie des rois, ceux que l’on appelait les Oba.
De l’ivoire en échange du laiton
Au XVIe siècle, l’Oba de Bénin est connu des rois d’Europe et, depuis la première visite d’un Portugais en 1486, le commerce avec le Portugal est florissant. Chez les princes d’Europe, on apprécie pour les arts de la table de délicats objets sculptés en ivoire, et on aime le poivre qui relève le goût. En échange, le Bénin reçoit d’immenses quantités de manilles, monnaies portugaises en laiton, un métal cuivreux plus apprécié que l’or en Afrique.
Mais ensuite l’équilibre est rompu, l’Oba perd de son pouvoir, les Britanniques remplacent les Portugais dans le commerce. Quand Londres veut contraindre le Bénin à respecter certains contrats commerciaux, l’Oba tente de restaurer son royaume grâce à des rituels accompagnés de sacrifices humains.
Le drame final se produit en 1897. Un premier détachement de Britanniques subit des pertes. En représailles, les troupes britanniques attaquent massivement, le royaume est envahi, la ville de Bénin mise à sac. L’Oba vaincu est exilé. Sous la surveillance des Britanniques, les prestigieuses œuvres d’art du palais sont regroupées, expédiées à Londres, vendues. Elles seront achetées par des musées allemands et autrichiens grâce à la perspicacité de Félix von Luschan, conservateur à Berlin.
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Au Bénin, le faste des puissants souverains...
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°597 du 1 décembre 2007, avec le titre suivant : Au Bénin, le faste des puissants souverains...