Attitudes marocaines

La grande nef charpentée du couvent des Cordeliers abrite les « Suites marocaines », autre volet du « Temps du Maroc » consacré cette fois-ci à la création artistique contemporaine. Aux côtés d’une artiste confirmée comme Najia Mehadji (L’Œil n°503) qui présente sa série Souira et le triptyque Ma, 13 talents méconnus exposent leurs dernières créations. Ikram Kabbaj, Casablancaise de 37 ans, fige dans de la résine et des fibres de verre d’étranges processions de formes étiques évoquant quelques pénitents encapuchonnés pouvant atteindre 3 mètres de haut. Mounir Fatmi et Hicham Benohoud s’attaquent tout deux à l’identité perdue. Le premier réalise des portraits puis efface de ses mains les traits du modèle en sa présence. Le second prend comme support de son œuvre des photomatons de ses élèves qui, selon ses dires, « subissent la vie comme une fatalité » ! Cette topographie identitaire est ensuite violentée : les photos sont déchirées, trempées dans de l’acide, balafrées de couleurs. Présentées de manière sérielle, elles évoquent de loin quelques « mosaïques existentielles ». Une installation de Mohamed El Baz, sorte de caisse géante comportant des téléviseurs et des bandes sonores, s’impose. Il s’agit des Définitions de l’amour, une création réalisée avec Christophe Boulanger qui explore la thématique amoureuse dans la culture islamique. Ce parcours pluri-disciplinaire permet de souligner combien l’approche de ces artistes se révèle épurée, philosophique, poétique, différente de notre société de consommation. Et si l’Orient et l’Occident se rencontrent, il est intéressant de noter que, même issue du métissage, la facture n’en ressort que plus marocaine. Cette exposition s’accompagne les vendredis et samedis de concerts, de lectures et de défilés de mode.