Mercredi après-midi au Quai Branly. Beaucoup de visiteurs, jeunes ou très jeunes, se sont réunis pour assister à l’« ultime combat », une petite communauté de sportifs, cinéphiles et autres fans de mangas qui se mêlent aux habitués des galeries.
Ils prouvent surtout combien la fascination pour ces gladiateurs, réels ou rêvés, perdure dans le temps. Les premières salles nous plongent dans les origines lointaines de cette mythologie et… dans l’histoire de l’Inde. Ces techniques, que nos représentations associeront à la Chine, trouvent en effet leurs racines dans les premiers textes hindous et bouddhistes, puis dans les épopées du Ramayana et du Mahabharata, au dernier siècle avant notre ère. Héros et guerriers vont franchir les mers et l’Himalaya avec le bouddhisme et les légendes. Comme le souligne l’un des cartels, « Les combattants ont su intégrer leur pratique à des philosophies religieuses pourtant opposées à toute forme de violence ».
Le Quai Branly expose les pectoraux de pierre de monstrueux gardiens des temples chinois de la dynastie Qi du Nord (550-577), mais aussi de fragiles et délicates marionnettes d’Indonésie des années 1960. Au mur, une carte témoigne de la variété des écoles qui vont éclore au fil des siècles. Des boxes d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Cambodge, Myanmar) à l’escrime des Philippines en passant par le taekkyeon puis le taekwondo coréen. Partout où s’implante le bouddhisme, fleurit un style de combat. Reste ce mystère : pourquoi l’Inde, berceau des arts martiaux, n’a pas popularisé plus avant ce qu’elle avait généré ? L’espace dévolu à l’exposition ne permet pas d’aborder la question, ni surtout de remplir la promesse du sous-titre « Arts martiaux d’Asie ». En effet, très vite, le parcours se resserre de façon un peu attendue sur le Japon et le monde chinois. « Ultime combat » n’offrira pas de vitrine à des pratiques plus marginales que celles de ces deux civilisations. L’exposition permet en revanche de comprendre comment celles-ci se sont imposées à très grande échelle. Elle est en effet scandée d’extraits de films, classiques ou récents, hongkongais, taïwanais ou japonais. Les échos entre films, peintures et sculptures ouvrent les pistes de réflexion les plus stimulantes du projet. Au XXe siècle, la statuaire bouddhiste cède la place à Bruce Lee, Jackie Chan ou Goldorak. La légende s’écrira désormais au cinéma, dans les dessins animés et les jeux vidéo. Au bout de l’ultime combat, le bouddhisme s’est adapté au culte des écrans.
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Arts partiaux au Quai Branly
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : Arts partiaux au Quai Branly