Artiste et commissaire, Scanlan fait le show

Très marqué par le « dadaïste » Marcel Broodthaers, qui concevait ses expositions comme de véritables œuvres d’art – en 1968, il s’était autoproclamé « conservateur du Musée d’art moderne, département des Aigles », qui n’était autre qu’un musée fictif parodiant les mécanismes du monde de l’art –, Joe réunit sur deux lieux, la HAB Galerie et le Frac Carquefou, une pléiade d’œuvres d’autres artistes, de Scoli Acosta à Jean-Luc Vilmouth en passant par un certain Broodthaers, afin de les faire entrer en résonance. Surplombées par le « tableau-phrase » d’Antoinette Ohannessian affichant « Quand on met des choses ensemble elles sont réunies », les pièces convoquées (dessin, peinture, photographie, sculpture, installation, vidéo…) créent, de par leur rencontre heureuse ou gênante, de multiples associations d’idées, entre continuités et ruptures. La monumentalité masculine de la sculpture en acier de Richard Deacon tombe un peu à l’eau face aux constructions minuscules en sucre de Koo Jeong-A, bien plus poétiques, et la frise décorative baroque courant sur les murs de Béatrice Dacher parasite malicieusement les monochromes gris minimalistes d’Alan Charlton. Pour autant, au vu de la posture souvent provocatrice de Scanlan dans le champ de l’art, on aurait pu s’attendre à ce qu’il pousse davantage ici l’art et l’institution muséale dans leurs retranchements.