Artificiel, naturellement

Documentary Nostalgia de Yeondoo Jung pourrait servir de manifeste à l’événement. Dans un plan-séquence de 84 min, l’artiste sud-coréen « défait » un paysage de campagne, dont le spectateur découvre qu’il a été agencé en studio. En somme, la nature est une illusion qui peut être recréée par toutes sortes d’artifices et de technologies. Le pouvoir de l’artiste, ce démiurge, réside dans l’inventivité de cette recréation.

La majorité des vingt-sept propositions réunies au Mac s’attache ainsi à animer in vitro créatures et phénomènes naturels. Certains artistes, comme France Cadet, vont puiser dans le vivier des expériences scientifiques des modèles à exploiter : dans l’installation Botched Dollies, elle met face à face ratés de la robotique et chimères « réussies » – le robot chien-vache-mouton par exemple. D’autres recréent par mimétisme tel événement météorologique. S’inspirant des dispositifs de sonorisation utilisés dans les théâtres, Malachi Farrell orchestre le son de l’ouragan Sandy dans The Sandy Effect ; Bertrand Lamarche cartographie un territoire fait d’un épais brouillard ; Félicie d’Estienne d’Orves propose au spectateur de contempler une éclipse.

Mais les « natures artificielles », ce sont aussi ces formes inédites et comme sorties de l’imagination d’un dieu particulièrement inventif. Parmi elles, les Architones de Nicolas Reeves, des architectures cristallines créées par ordinateur, et surtout les fleurs métalliques, d’une beauté inouïe, modelées dans le ferrofluide par Sachiko Kodama.