Guillaume Piens est le nouveau commissaire général d’Art Paris Art Fair, la foire d’art moderne et contemporain qui veut s’imposer comme le contrepoids «Â complémentaire » de la Fiac.
L’œil : Après avoir dirigé Paris Photo, vous assurez cette année le commissariat général d’Art Paris qui devient, avec vous, Art Paris Art Fair. Pourquoi ce changement de nom ?
Guillaume Piens : Art Paris devient un rendez-vous complètement différent. La foire change en contenu et se constitue sur des bases nouvelles à l’opposé de ce qui a été mené les deux années précédentes, le projet de Lorenzo Rudolf avait abouti à un brouillage d’images.
L’œil : Nouveau nom, nouveau comité de sélection et nouvelles orientations misant sur les régions européennes et renforçant le soutien à la scène française. Est-ce un retour aux fondamentaux de la foire ?
G. P. : C’est un repositionnement tout court, à la manière dont une foire doit être conduite, puisque depuis deux ans, il n’y avait pas de comité de sélection. Il s’agit de revenir aussi à un travail qui doit être mené auprès des collectionneurs en leur offrant un véritable parcours VIP dans Paris, façon de mettre en synergie tous les acteurs, mais aussi de rendre cette foire accessible au plus grand nombre avec un billet d’entrée à vingt euros et un cycle de conférences lié à la thématique centrale de cette édition qu’est l’Europe.
Il était important d’inscrire Art Paris Art Fair par rapport à la Fiac [la Foire internationale d’art contemporain, au Grand Palais en octobre prochain], car nous avons une démarche complémentaire de celle-ci, non concurrente. Il ne s’agit pas d’être une « double » ni une « anti » Fiac, il y a une autre façon d’exister…
L’œil : En privilégiant notamment les territoires européens et les galeries françaises, qui constituent plus de 60 % des galeries sélectionnées…
G. P. : La Fiac est très liée au marché anglo-saxon, au modèle dominant qu’on voit partout dans les foires qui tiennent le devant de la scène telles Art Basel ou Frieze. On connaît ces grandes autoroutes où les mêmes noms d’artistes circulent.
Aussi notre approche du territoire européen s’est-elle concentrée sur des villes comme Cologne ou Düsseldorf, qui ne sont pas les destinations les plus à la mode, mais qui sont porteuses de traditions intéressantes à revisiter et de galeries aux lignes directrices non formatées. On a fait ainsi venir de Vienne la galerie Konzett et de Graz la galerie Zimmermann Kratochwill, représentante de l’actionnisme viennois. En France, il y a souvent un mépris pour les régions, à tort et à la grande différence des pays européens.
L’œil : La présence de galeries hongroises est-elle une amorce pour davantage d’ouverture à l’Est ?
G. P. : Vienne, Budapest sont une première ébauche, j’aimerais l’an prochain avoir un espace russo-ukrainien. Puisque la Fiac va à l’Ouest, Art Paris Art Fair s’intéresse à l’Est et aux capitales régionales, car c’est là où l’on trouve des scènes singulières et libres. Art Paris Art Fair a vocation à faire monter de jeunes pousses, à révéler des galeries, des artistes.
L’œil : Le renouvellement des galeries est important, plus de 60 %, on ne compte cependant aucune galerie anglaise. Pour quelle raison ?
G. P. : Londres attend ce que nous allons faire. Quant au renouvellement des galeries, effectivement, il est important et compte des galeristes comme Jacques Elbaz, qui n’est pourtant pas un homme qui aime les foires. Mais il vient car il aime notre positionnement, comme les galeries Laurent Godin, Jean Fournier, Priska Pasquer…
L’œil : Art Paris Art Fair dénombre aussi un plus grand nombre de galeries photo que d’habitude. Est-ce un héritage de Paris Photo ?
G. P. : Je pense que ces galeries sont à la recherche d’une nouvelle clientèle. Cette année, tous les médiums sont représentés, y compris le design avec un nouveau pôle Art et Design…
L’œil : Art Paris se tient en même temps que le Pavillon des arts et du design – le PAD –, le Salon du dessin contemporain et Drawing Now, n’est-ce pas préjudiciable ?
G. P. : Non, au contraire, il y avait jusque-là un chacun-pour-soi très français dommageable. Ces foires sont des foires spécialisées, il nous a semblé intéressant de créer un véritable créneau de printemps avec un parcours incorporant aussi les institutions muséales.
Du 29 mars au 1er avril. Nef du Grand Palais. Tarifs : 20 et 10 €. http://artparis.fr
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Art Paris Art Fair : « Il ne s’agit pas d’être une "double" ni une "anti" Fiac ! »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°645 du 1 avril 2012, avec le titre suivant : Art Paris Art Fair : « Il ne s’agit pas d’être une "double" ni une "anti" Fiac ! »