Art multiple... un seul dénominateur commun : la volonté du créateur

Est multiple ce qui est déclaré comme tel par l’artiste, nous prévient l’exposition de Mouans-Sartoux. Plutôt qu’un catalogue chronologique et didactique, il est question de réfléchir sur le multiple et de le faire débattre avec l’histoire.

Une centaine d’artistes dialoguent à l’EAC
Dans ce grand bazar, cultivant volontiers légèreté et ironie, commercent alors un paillasson barré du mot « sécurité » de Jérôme Porret, un plateau télé signé General Idea ou quelques icônes du genre, parmi lesquelles la Boîte de soupe Campbell de Warhol ou le Jeu de cartes de Robert Filliou.
Xavier Veilhan et David Artaud proposent quant à eux un curieux tapis à dérouler : le collectionneur averti est convié à y manipuler le parfait équipement du joueur de boules. Version luxueuse, domestique et miniaturisée, d’un loisir populaire et invite à une composition modulable, la « Pétanque de salon » est de ces multiples qui laissent à l’acquéreur le soin de singulariser l'objet.
Déstabiliser et jouer avec la nature du multiple, c’est encore ce à quoi se livre Closky avec le réjouissant 51 minutes. Figure à colorier dans un temps donné, son multiple opte pour la pièce unique dès lors que l’acquéreur se prête au jeu et personnalise le dessin. À l’inverse, s’il laisse le schéma intact, renonçant ainsi au « protocole » établi par Closky, il maintient l’objet dans sa nature première de multiple.
De la même manière, lorsqu’Yves Duranthon réalise d’impitoyables agendas ajustés en
fonction de l’espérance de vie de chacun des acquéreurs, l’œuvre adopte le mode de production du multiple comme un mode de création, intégrant le processus de multiplication dans les enjeux mêmes de l’œuvre.