Figure majeure du symbolisme européen, le Suisse Arnold Böcklin (1827-1901) est l’auteur d’une étonnante peinture intitulée L’Ile des morts qu’il exécute en 1880 et dont il réalise cinq versions différentes. Qualifiée par lui de « tableau de rêve », cette composition présente un impressionnant paysage de rochers et de cyprès qui se dressent sur l’eau sur fond de ciel orageux. À bien le regarder, on mesure que ce qui en fait l’intérêt, c’est la qualité de son dessin. Peintre d’une rare puissance suggestive, Böcklin n’en était pas moins un dessinateur d’une très grande acuité de traits. La publication l’an passé du catalogue raisonné de son œuvre graphique est le prétexte pour le cabinet de dessins du Kunstmuseum de Bâle d’organiser une exposition d’une centaine d’œuvres sur papier de cet artiste. Les dessins au crayon, à l’encre, à la craie et à l’aquarelle qu’elle rassemble et qui mêlent les genres mythologiques et allégoriques témoignent non seulement de ses qualités mais révèlent l’influence qu’ont exercée sur lui les exemples tant germaniques qu’italiens dont Böcklin a pu se nourrir au cours des nombreux voyages et séjours qu’il fit en Europe. Son admiration pour Dürer y éclate au grand jour tout comme celle qu’il portait à des artistes comme Raphaël ou Corrège. Si Böcklin affirmait considérer le dessin comme un simple outil préliminaire à la peinture, il y fait preuve – malgré lui ? – d’une précision et d’une densité qui ne sont pas sans rappeler une manière proche de celle d’un Rodolphe Bresdin, le maître de Redon.
BÂLE, Kunstmuseum, Cabinet d’Arts graphiques, jusqu’au 5 avril.
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Arnold Böcklin sur papier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Arnold Böcklin sur papier