Le Musée de l’Armée expose avec pédagogie le basculement de l’armée médiévale vers la modernité.
PARIS - Pédagogie et ludisme : tels semblent avoir été les maîtres mots des commissaires chargés de l’exposition « Chevaliers et bombardes, d’Azincourt à Marignan, 1415-1515 » présentée au Musée de l’Armée, à Paris. Les conservateurs du département de l’artillerie ont réussi le tour de force, à partir d’un propos scientifique et complexe, de s’adresser à un public tant familial que composé de connaisseurs.
1415 : la noblesse française est décimée à Azincourt (dans l’actuel Pas-de-Calais), embourbée et embarassée par ses lourdes armures face à des soldats anglais armés de leurs fameux longbows, ces redoutables arcs qui décochent plus d’une dizaine de flèches à la minute. Au Musée de l’Armée, le parcours chronologique débute sur cette défaite ; il place face à face les différentes armes et armures des deux camps et propose une table numérique retraçant les stratégies employées dans la bataille. Loin d’être un gadget, ce dispositif multimédia et ses restitutions en 3D apporte une mine d’informations.
L’Ange du canonnier Barbet
Tout au long des trois sections chronologiques, entre archaïsme et modernité, des pièces maîtresses s’enchaînent, pas nécessairement là où on les attendrait : ainsi un First Folio [première compilation publiée des œuvres théâtrales] de Shakespeare, manuscrit prêté par la BNF, daté de 1632 et dans lequel figure Henry V, présente le discours du roi anglais avant la bataille d’Azincourt et son célèbre « Band of brothers » (« frères d’armes ») resté dans l’histoire. Pour les enfants, une signalétique déploie les grands personnages de la période, qui n’en manque pas. Jeanne d’Arc, le chevalier Bayard, mais aussi l’ordre de la Toison d’or, ou encore le fonctionnement des pièces d’artillerie sont expliqués en termes simples et compréhensibles.
L’art des fondeurs d’artillerie est magnifiquement illustré par L’Ange de Barbet, une pièce en fonte magistrale venue de la Frick Collection de New York et datée de 1475. Fondeur de canon pour le roi de France, Jean Barbet réalise ici une sculpture racée et élégante d’un ange aux ailes articulées, preuve de l’expertise des canonniers en matière de fonte.
Il faudrait encore mentionner l’épée de Louis XII, l’armure de François Ier, la « Bombarde de Bâle », d’un poids de plus de 2 tonnes prêtée par l’Historisches Museum de Bâle, soit des pièces qui, chacune, illustrent la somme d’énergie et d’argent dépensés dans le siècle de guerre précédant les campagnes d’Italie de François Ier : en 1515, à Marignan, l’armée française, professionnelle et permanente défait les piquiers suisses dans un spectaculaire tableau scénographié au Musée de l’Armée.
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Armes et armures
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 24 janvier 2016, Musée de l’Armée, hôtel des Invalides, 129, rue de Grenelle, 75007 Paris, tlj 10h-17h, entrée 8,50 €, www.musee-armee.fr. Catalogue, coed. Gallimard/Musée de l’Armée, 272 p., 35 €.
Légende photo
Martial d’Auvergne, Jeanne d’Arc au siège de Paris, in « Vigiles de Charles VII », 1484. © Bibliothèque nationale de France, Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°445 du 13 novembre 2015, avec le titre suivant : Armes et armures