PARIS
Paris. Conçue par l’équipe de curateurs du Palais de Tokyo, cette exposition a été montée en urgence et de façon assez circonstancielle – la carte blanche confiée à l’artiste allemande Anne Imhof ayant dû être reportée.
« En deux mois, nous avons fabriqué un projet qui ne pouvait parler d’autre chose que de ce que nous étions en train de vivre », explique François Piron, l’un des commissaires, se référant à la crise sanitaire. « Anticorps » traduit donc un tour de force autant qu’un rapport épidermique à l’actualité.
La vingtaine d’artistes sélectionnés, pour moitié français, pour moitié étrangers, sont pour la plupart nés dans les décennies 1980 à1990. Une petite partie des œuvres a été produite spécifiquement, la majorité d’entre elles ayant été simplement reconfigurées. Comme, ouvrant le parcours, l’installation sonore de Dominique Petitgand, La question est posée (2019), déjà présentée au Grand Café, le centre d’art de Saint-Nazaire. Elle se présente comme un collage vocal dont la rumeur évoque celle de luttes collectives. Entre menace extérieure latente et désir de vivre ensemble, l’exposition s’articule en quatre zones, traversées par cette tension antinomique contenue dans le titre qui suggère une réaction de rejet autant qu’une réponse appropriée. C’est « Autour d’un feu », dénommant la troisième partie, que l’on a surtout envie d’aller trouver un peu de consolation. Si le kiosque vide dressé au milieu de l’espace (Purity is not an option, d’Emily Jones) en offre peu, la série de peintures de Xinyi Cheng, et en particulier cette toile récente, For a Light, montrant deux fumeurs rapprochés par un geste familier, contient à elle seule un puissant sentiment de nostalgie.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°557 du 11 décembre 2020, avec le titre suivant : « Anticorps » à développer