Avec quelque cent soixante-cinq expositions d’art moderne et contemporain, une collection permanente prestigieuse et plus de vingt millions de visiteurs depuis sa création, le Musée Guggenheim de Bilbao conçu par l’architecte Frank Gerhy fête ses vingt ans, s’imposant plus que jamais comme un véritable moteur économique et culturel dans sa région.
La programmation est bien entendu à la hauteur de l’événement : plusieurs artistes majeurs sont de la fête : Bill Viola, David Hockney, Amie Siegel et Anni Albers, designer textile et graveur, qui fut élève de la célèbre école d’avant-garde du Bauhaus à Weimar avant d’en diriger l’atelier textile en 1931. L’exposition qui lui est consacrée, « Toucher la vue », présente un parcours détaillé de sa carrière à travers les séries les plus importantes de son œuvre, de 1925 jusqu’à la fin des années 1970. La première section montre le travail des deux périodes au cours desquelles son esprit créatif a connu un développement décisif : une sélection d’œuvres du Bauhaus marquées par l’influence de l’abstraction rationaliste comprenant des dessins préparatoires pour la réalisation de textiles ainsi que des prototypes de tissages simples et fonctionnels. Les pièces créées au cours des années 1940 montrent l’effet libérateur de ses expérimentations au sein du Black Mountain College, où ses idées évoluent vers un langage plus sensible, plus intuitif. C’est ainsi qu’apparaissent des formes abstraites libres surgissant d’une trame chatoyante de coton et de jute ou des paysages inspirés de ses voyages en Amérique latine. Sa présence sur la scène artistique américaine a été un facteur clé dans la reconnaissance de l’art textile dans le cercle fermé des beaux-arts du début du XXe siècle : en 1949, une exposition personnelle lui est consacrée par le MoMA de New York. La dernière partie, Fiber Art, regroupe un grand nombre de tissus picturaux, des pièces uniques qui réinterprètent sous un angle abstrait la tradition des tapis muraux, dans lesquelles on admire l’extrême beauté du traitement des trames et des chaînes. Parallèlement, Anni Albers repense le rôle des dessins préparatoires pour leurs tissus et son expérience du graphisme l’amène à produire en 1964 sa première série d’estampes sous la forme d’un portfolio intitulé Connections. Avec les techniques d’impression, elle trouve un nouvel espace d’investigation qui se substitue à son travail textile. Au cours des décennies suivantes, elle engagera plusieurs collaborations avec des fabricants industriels de tissus démontrant son engagement aux préceptes égalitaires du Bauhaus.
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Anni Albers fête les 20 ans du Guggenheim Bilbao
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Anni Albers fête les 20 ans du Guggenheim Bilbao