Années 68, suite…

Glissant du psychédélisme de Malaval ou de Wes Wilson aux exubérances du free jazz, de la Beat Generation à la libération sexuelle, de l’art contestataire à la conquête de l’espace, l’exposition entend dresser le portrait d’une époque ouverte à l’exploration et prête à toutes les audaces.

Pour mieux donner la mesure des mutations à l’œuvre au cours des seventies, le LAAC récuse toute distinction entre création artistique et culture de masse : face aux toiles de Monory, Rancillac ou Adami déjà présentées lors du précédent volet, l’accrochage rassemble pochettes de disques, affiches de concerts, éditions de poche signées Kerouac ou Burroughs, dessous féminins bon marché et numéros de Paris-Match. Une telle confrontation n’offre pas seulement d’embrasser un zeitgeist (esprit du temps) : en jetant des ponts entre peinture, actualité, mode et musique pop, « Les années 68 » suggère qu’il existe un continuum fait d’influences réciproques entre art, contre-culture et objets de consommation. 

Mais paradoxalement, ce souci d’exhaustivité dessert : joint au désir de mettre en valeur les collections du musée, il a pour effet de diluer la thématique initiale. Ainsi, au fil des salles, la cohérence de l’accrochage se défait dans le minimalisme de Mark Bruce, l’Arte Povera de Giovanni Anselmo ou les effets optiques de Vasarely, dont on se demande bien ce qu’ils font là…