Anne-Lise Broyer dans les pas de Georges Bataille

L’ouvrage venait clore dix ans d’un travail dans lequel « chaque image fabriquée est un voyage dans l’œuvre et la biographie de l’écrivain ». « Il s’agissait, en photographiant, d’avancer dans sa vision comme on avance, dans le livre », précise-t-elle en préambule de leur déploiement à l’hôtel Fontfreyde. Il ne faut pas pour autant être un lecteur de l’œuvre de Georges Bataille pour apprécier chaque image et leur résonance que la photographe tisse au fil des murs du centre d’art dans une délicate articulation de tirages de formats et de supports différents qui participe au plaisir de la lecture. Un fil blanc rejoignant le rebord d’une table, le regard d’une chouette blanche, une page manuscrite corrigée, un entrelacement d’un sous-bois, ou l’éclat d’une tache de sang sur le coussin blanc d’un fauteuil cannelé suffisent à eux seuls à transporter, tandis que des motifs récurrents relatifs à l’écrit, à la lecture, à l’œil, au corps ou à la nature se relèvent, images énigmatiques et pénétrantes. Montrés pour la première fois, les dessins de bouquets de fleurs fanées, à la mine graphite sur tirage argentique, puisent eux aussi leur source chez Georges Bataille, mais ici dans un texte précis, « Le Langage des fleurs », paru en 1929 dans la revue Documents avec les photos de Karl Blossfeldt. Là encore, « l’expérience de la littérature par le regard » est communicative. Quant au récit de voyage réalisé avec le photographe René Tanguy, en 2015, sur les traces de Sergio Larrain, il relate un autre désir d’images.