Anne Le Troter allie art et soin

Quelques dessins de petit format suspendues aux murs et de petites enceintes désossées accrochées par endroits sur ce vaste réseau de câbles complètent ce décor. Mais le chaos n’est qu’apparent dans cette mise en scène, qu’Anne Le Troter a pensée en considérant l’espace comme un « corps qui fait circuler tout un réseau de flux ». Ainsi, les coulures d’étain matérialisent les aspérités du sol de Bétonsalon, et viennent en un sens le soigner, tout en servant de conducteur, au même titre que les câbles, au son qui se déploie dans l’espace. Le centre d’art devient la scène d’une « pièce de théâtre sonore » qui s’appréhende en déambulant dans la pièce ou en s’asseyant sur un des sièges-conducteurs. Anne Le Troter, lauréate de la bourse ADAGP consacrée au fonds Marc Vaux, a choisi « d’écouter cette archive photographique » qui rassemble des milliers de photographies documentant la vie artistique et intellectuelle parisienne entre 1920 et 1970. C’est la découverte de Louise Hervieu, une artiste qui a fondé en 1937 une « association pour l’institution du carnet de santé », qui est le point de départ de ce projet sondant les liens qu’entretiennent l’art et les pratiques médicales ou de soin. Dans cette exposition, elle donne à entendre un récit polyphonique, « l’autobiographie médicale d’un corps collectif hybride », composé d’une dizaine de « travailleur·ses de l’art » invités, qui prêtent leur voix et dialoguent avec des artistes décédés (re)découverts dans le fonds Marc Vaux.