Anne Lahumière, galeriste et présidente du Comité des galeries d’art

Quelles sont vos attentes, vos souhaits pour les galeries d’art françaises en 1998 ?
J’espère que le début de l’année 1998 sera meilleur que le début de l’année 1997. On avait eu récemment l’impression que le marché s’était un peu amélioré, mais ce sont des feux de paille dus à des événements ponctuels qui sont suivis d’une rechute du marché. Nous dépendons aussi du climat intérieur, nous sommes des entreprises au milieu d’autres entreprises. S’il n’y a pas de consommation chez les autres, il n’y aura pas de consommation chez nous. Nous dépendons entièrement du marché intérieur.
Mon souhait pour l’année prochaine serait de rencontrer le ministre de la Culture pour lui faire part du problème des galeries et lui dire qu’elles sont presque aussi importantes que les artistes. Sans artiste, pas de galerie, mais sans galerie, pas d’artiste. Il est peu souhaitable de voir émigrer nos créateurs ailleurs, comme cela arrive déjà pour nos scientifiques et nos cadres. Nous voudrions pouvoir éviter, prévenir cette émigration, car les créateurs sont des gens aussi importants que les cadres d’entreprises, scientifiques ou médecins.

Quelles sont vos propositions pour tenter d’enrayer cette crise ?
Nous organisons des rencontres au niveau européen. Nous avons eu une rencontre très importante à Cologne dernièrement. Tous les pays de la Communauté européenne sont réunis en une Fédération européenne des galeries d’art. Nous avons présenté une motion commune ayant trait à une harmonisation de la TVA à un taux réduit, qui visait également à prévenir l’instauration d’autres taxes. Nous avons fait une première demande visant à réduire le taux du droit de suite dans le cas où ce droit, que nous souhaitons voir supprimé, serait maintenu. Plus on augmente les taxes en Europe, plus grave sera le risque de voir le marché fuir au profit des États-Unis.