Qui aurait cru que les toiles d’Antibes d’Anna-Eva Bergman trouveraient en Bretagne une lumière qui les révélerait avec tant de puissance ?
Le domaine de Kerguéhennec accueille quarante-neuf toiles et onze œuvres sur papier des dernières années de cette artiste d’origine norvégienne – celles des années d’Antibes, où elle avait installé son atelier en 1973, dans la villa qu’elle avait fait construire avec son époux, Hans Hartung. La Méditerranée habite alors ses toiles ; la pluie qu’elle peint est comme un relevé de ces violentes notes liquides qui dans le sud impactent soudainement un sol très sec, et se colorent de ses poussières. Et pourtant, les paysages et les mythologies du Grand Nord continuent de marquer ses œuvres jusqu’à la fin de sa vie, en 1987 – ainsi quand elle nous fait suivre du regard le dessin d’une montagne au-dessus de l’eau, entendre le roulis des vagues ou le silence cosmique d’un tombeau. Son secret ? Sur ses toiles, l’artiste applique une couche de « modeling past », sorte de pâte à modeler qu’elle sculpte et sur laquelle elle pose une feuille de métal. Elle recouvre ensuite cette dernière d’un glacis de couleur. Selon le temps, l’heure de la journée, la couleur de la pluie ou de la mer, change. Sous le ciel de Kerguéhennec, on croit voir battre leur pouls. Le pouls des vagues de la Méditerranée, des lacs, des fjords, des montagnes de Norvège, des mythologies scandinaves. On pourrait croire les toiles de Bergman abstraites. Mais non – « Je fais un art d’abstraire », répondait cette artiste passionnée par le nombre d’or. Une proue suffit pour une barque, un triangle pour une montagne, un trait pour l’horizon. Et nous voici emportés vers d’autres ciels.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Anna-eva Bergman, au rythme des vagues et des pluies d’or
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Domaine de Kerguéhennec, Bignan (56), www.kerguehennec.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°701 du 1 mai 2017, avec le titre suivant : Anna-eva Bergman, au rythme des vagues et des pluies d’or