De bronze ou de métal, du plus petit au plus grand, les animaux familiers ou sauvages de cinquante-trois sculpteurs constituent une « arche de Noé » singulière et retracent l’histoire contemporaine d’un genre encore méconnu.
PARIS - Placé à l’entrée de l’exposition “Les sculpteurs et l’animal dans l’art du XXe siècle”, l’Oiseau d’or d’Ossip Zadkine (1921) nous invite à entrer dans l’univers mis en scène par Éric Verschelden. La scénographie est organisée autour de la création d’un cadre intime, celui d’un appartement-atelier d’artiste où établis en bois clair, rideaux et tapis évoquant la nature créent une atmosphère accueillante, propice à l’épanouissement du regard.
La campagne (ou la forêt), le manège, la ferme, la ménagerie, la volière et enfin le vivarium se succèdent, et le visiteur découvre, au hasard de sa promenade bucolique, un bestiaire étonnant de diversité stylistique et formelle. Chacune consacrée à un thème, les salles regroupent les créations des maîtres des XIXe et XXe siècles, d’Antoine Bourdelle à Alexander Calder, en passant par Rembrandt Bugatti et François Pompon, Alberto Giacometti, Germaine Richier et Hans Arp. À ces grands noms de la sculpture s’ajoutent ceux de jeunes artistes : Patrick Bintz, Jeanne Bouchart, Daniel Daviau, Guy Ferrer et Christian Renonciat.
En s’engageant sur les pas de Barye, la sculpture du XIXe siècle a apporté une lecture nouvelle de l’animal, ainsi qu’une diversification des espèces représentées. Mais ce n’est qu’à l’aube du XXe siècle que sont intervenues les évolutions décisives qui marquent aujourd’hui l’école animalière. Les apports de Rembrandt Bugatti et de François Pompon ont sans aucun doute été décisifs. La bête-accessoire ou l’animal-symbole ont laissé progressivement la place à l’animal lui-même, la puissance et la violence de la nature du XIXe siècle au mouvement, à la tendresse et à la beauté anatomique. La forme et le volume font désormais l’objet de recherches approfondies. Nombreux sont ceux qui ont été influencés par les innovations de Bugatti et Pompon mais, selon Pierre Dumonteil, commissaire de l’exposition, “seuls ou presque, deux artistes de l’entre-deux-guerres”, Georges-Lucien Guyot et Edouard-Marcel Sandoz, ont su, par un travail d’une grande originalité, faire la synthèse des deux initiateurs. Au-delà du renouveau apporté par les précurseurs de l’école animalière du XXe siècle et leurs suiveurs, la quête personnelle de certains créateurs – Constantin Brancusi, Joan Miró ou Vladimir Vélikovic – a été l’un des composants essentiels de l’évolution de la sculpture. Désormais prétexte à une recherche formelle pure, abstraite ou figurative, la figure animale évoque alors, tour à tour, la poésie, la spiritualité, l’enfance et l’énergie, l’inquiétude ou l’angoisse.
Jusqu’au 23 mai, Hôtel de la Monnaie, 11 quai de Conti, 75006 Paris, tél. 01 40 46 55 35, tlj sauf lundi et jf 11h-17h30. Catalogue, Monnaie de Paris, 98 p., ill. couleurs, 150 F.
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Animaux en liberté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : Animaux en liberté