À Angers, tout un chacun connaît Lenepveu ; ou plus exactement la rue Lenepveu. Rares sont, en revanche, les habitants qui savent que cette artère commerciale du centre-ville a été nommée ainsi en hommage à l’un des plus grands artistes angevins.
Et même un des peintres français les plus influents de la fin du XIXe siècle. En réalité, on ne saurait les blâmer, car à peu près tout le monde a oublié ce pauvre Jules-Eugène. Et pour cause, rarement le sort ne se sera autant acharné sur un artiste. Académicien couvert d’honneurs, directeur de la Villa Médicis, il a réalisé quelques-uns des plus prestigieux décors de son temps, c’est-à-dire le genre le plus prisé de la IIIe République. Depuis, la majorité de ses créations ont hélas été invisibilisées, transformant ce peintre institutionnel en artiste maudit. Mauvais présage, son premier grand chantier, le plafond de l’opéra Le Peltier, est dévoré par les flammes en 1873. Ses autres projets emblématiques seront, quant à eux, ravagés par le changement de goût. L’étonnant décor en mosaïque du Louvre dont il a dessiné les cartons a ainsi été camouflé sous un papier peint imitant un revêtement de pierre, tandis que ses compositions primesautières et originales du casino de Monte-Carlo ont été masquées une fois passées de mode. Mais son invisibilisation la plus spectaculaire est assurément le recouvrement en 1964 de son époustouflante peinture du plafond de l’opéra Garnier par la composition de Chagall. Seuls les esquisses et les dessins préparatoires de ce chantier témoignent de la qualité de ce décor disparu. Ces cartons monumentaux de cinq mètres de hauteur sont le point d’orgue de l’ample rétrospective que lui consacre le musée angevin. Plus de deux cents dessins et peintures ressuscitent cette carrière aujourd’hui lacunaire et racontent en creux l’âge d’or de la peinture monumentale. Dense mais limpide dans son propos, cette exposition impeccable réussit à trouver le juste équilibre entre contemplation et didactisme. Bravo.
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Angers brise la malédiction de Lenepveu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Angers brise la malédiction de Lenepveu