André François tel le Phœnix

Des milliers de dessins, d’estampes et d’affiches offset accumulés par l’illustrateur et disciple de Cassandre partent en fumée, une perte d’autant plus grande que l’homme a toujours rechigné à vendre ses travaux ou à les donner. Des décombres, on retirera tout de même quelques centaines d’œuvres que les flammes n’ont pas tout à fait mangées. Après avoir fait l’objet d’un accrochage à Beaubourg en 2004, ces rescapées sont au cœur de l’exposition « André François, le Phœnix » dans le centre d’art dédié à l’artiste et plus largement à l’illustration.

Les cent cinquante travaux présentés à Margny-lès-Compiègne portent les traces visibles du sinistre : toutes ou presque sont cernées par un liséré brun qui mord parfois sur le dessin, et il est fréquent que leurs références (dates, techniques, commanditaires…) manquent. Le feu étant un destructeur impartial, elles n’en embrassent pas moins toute l’activité de l’illustrateur de 1945 à 2002 : planches pour le Times, Le Monde ou la revue VST, illustrations de livres pour enfants, carnets de voyage et de croquis, affiches publicitaires… Au fil des dessins à la plume et au pastel, au gré des estampes et affiches, se dévoile ainsi un univers fantasque et coloré où girafes, singes et éléphants trônent en bonne place, et qui n’exclut ni l’humour tendre ni la grivoiserie…