Alvar Aalto et la maison des lits

Le Sanatorium de Paimio, construit dans les années 30 par un Alvar Aalto encore très jeune, à Turku en Finlande au milieu d’une forêt, fait partie de ces lieux du mouvement moderne devenus mythiques.
Cette exposition restitue dans son intégralité et avec son mobilier d’origine, une chambre de cette « maison des lits » comme on l’a appelée. Dans cet immeuble étroit et blanc, les chambres sont alignées avec leurs petites terrasses individuelles tournées vers le soleil. Sanatorium signifiant séjour long, besoin de confort, mais aussi contagion et donc hygiène sévère, Aalto se veut avant tout efficace.
Les meubles sont d’une simplicité extrême, empilables, en métal peint, peu encombrants. Les armoires sont surélevées et fixes au mur, le caisson à tiroirs s’enfile sous la table de chevet, les angles des murs sont arrondis, tout est pensé pour faciliter le nettoyage. Sachant que la guérison dépend aussi d’un repos complet, l’architecte est très attentif à la vie quotidienne des malades. Il pousse la prévenance jusqu’à ouvrir une étroite baie vitrée sous la fenêtre pour qu’ils puissent voir la forêt depuis leur lit, place les lampes dans leur dos pour ne pas les éblouir, dessine un lavabo rond en pente afin que l’on n’entende pas l’eau lorsqu’elle s’écoule, oriente le chauffage sur leurs pieds ! Une chambre hygiéniste et fonctionnelle comme il n’en existait encore aucune. De ce sanatorium date aussi son premier fauteuil ondulant en bois selon la technique du lamellé-collé cintré à la vapeur dont il fera plusieurs versions et édité chez Artek encore aujourd’hui. Des photos d’époque ajoutent à l’émotion qui se dégage de cette exposition, véritable réflexion sur la condition humaine.