Comment sortir indemne d’une exposition d’Aloïse Corbaz (1886-1964) tant l’impétuosité de ses peintures somptueusement colorées nous transporte au pays d’un imaginaire hors normes ?
Aloïse, née à Lausanne, a un destin tragique. Couturière, gouvernante d’enfants à la cour de Potsdam et antimilitariste, riche d’une vaste culture biblique, livresque et musicale, elle est internée pour schizophrénie en 1918. Du fond de son asile qu’elle ne quittera plus, elle met en scène par le dessin, l’écriture et la peinture des représentations de ses univers enchantés, voluptueuses débauches de visages, de seins, de regards noyés de bleu intense. Un film, unique témoignage visuel de l’artiste au travail, fait découvrir une femme extrêmement sérieuse qui laisse ses doigts arpenter avec assurance la surface de la feuille de papier, y laissant une empreinte lumineuse, énigmatique, saisissante de vitalité, merveilleuse d’humanité.
Le docteur Jacqueline Porret-Forel découvre les peintures d’Aloïse en 1941 et noue une relation privilégiée avec l’artiste. Cinq ans plus tard, elle les présente à Jean Dubuffet, qui vient d’inventer le concept d’Art brut, désignant ainsi des créations réalisées hors de tout conditionnement culturel et social. Dubuffet comprend immédiatement qu’il se trouve face à une production exceptionnelle.
Aujourd’hui mondialement reconnue, Aloïse figure au panthéon des artistes de l’Art brut. Le catalogue raisonné électronique de son œuvre vient de paraître sur la base de données de l’Institut suisse pour l’étude de l’art : www.aloïse-corbaz.ch (Les écrits d’Aloïse viennent de sortir en coffret contenant deux disques compacts, produits par la Collection de l’Art brut, en collaboration avec Espace 2 et Radio Télévision Suisse) .
Collection de l’Art brut, avenue des Bergières 11, Lausanne (Suisse), www.artbrut.ch
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Aloïse, un univers farouchement singulier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°649 du 1 septembre 2012, avec le titre suivant : Aloïse, un univers farouchement singulier