PARIS
Alexandrie, célèbre dans l’Antiquité pour son phare et sa bibliothèque, a fait l’objet de nombreuses fouilles archéologiques depuis quelques années. Le Petit Palais livre aujourd’hui le fruit de ces recherches et propose de découvrir, à travers deux cents pièces, la richesse de la civilisation ptolémaïque entre 331 et 30 av. J.-C. L’exposition s’intéresse aussi à la fortune du mythe d’Alexandre, et surtout de Cléopâtre, dans l’art occidental.
PARIS - Les tapisseries des XVe et XVIIIe siècles, qui marquent le début du parcours, montrent la fortune de l’épopée d’Alexandre le Grand au cours des siècles. En revanche, le souvenir de la civilisation ptolémaïque a depuis longtemps été occulté par les splendeurs de l’Égypte pharaonique. Bien connue par les textes, l’Alexandrie antique a malheureusement disparu sous l’effet des catastrophes naturelles et de vingt siècles d’urbanisation. Les récentes recherches archéologiques ont cependant permis de dégager nombre de sites et d’objets, plus ou moins précieux. L’exposition du Petit Palais se propose de rendre compte de ces découvertes, grâce à deux cents œuvres venues notamment du Musée égyptien du Caire et du Musée gréco-romain d’Alexandrie.
La capitale des Ptolémées
Fondée en 331 av. J.-C. par Alexandre le Grand, la cité alexandrine remplace bientôt Memphis comme capitale des Ptolémées. L’arrivée des Grecs met fin à la domination perse et, à l’instar de leurs prédécesseurs, les nouveaux maîtres du pays se fondent dans la tradition pharaonique. Le colosse récemment retiré du site sous-marin de Qaitbay et présenté, le temps de l’exposition, devant le Petit Palais, illustre des tentations syncrétiques à l’époque lagide : cette statue du souverain – peut-être Ptolémée II – reprend l’attitude caractéristique des effigies de pharaons, tout en gardant des caractères grecs (diadème des prince hellénistiques, mèches de cheveux). Ce colosse montre que, comme les Égyptiens, les Ptolémées ont développé le culte des souverains divinisés et se sont faits volontiers représenter à l’image des dieux.
Sous le règne lagide, qui prend fin avec la mort de Cléopâtre en 30 av. J.-C., Alexandrie devient le centre de la culture grecque avec sa fameuse bibliothèque. Conjugant deux traditions millénaires, l’art connaît aussi ses derniers fastes, la sculpture en tête : figures de souverains et de divinités, stèles funéraires ou tanagras (figurines en terre cuite) sont autant de motifs dans lesquels s’exprime le génie de la civilisation ptolémaïque. Les statuettes du trésor de Tanta, de type grec ou mixte (Aphrodite-Isis), illustrent la coexistence de formes variées. Quant aux arts mineurs – faïence, verre, glyptique –, ils témoignent tout autant de cette diversité. Deux rares mosaïques récemment mises au jour achèvent de démontrer le raffinement des artistes alexandrins.
Enfin, l’exposition explore le mythe de Cléopâtre, largement exploité par la peinture classique et romantique, puis au cinéma avec Liz Taylor dans le film de Mankiewicz. Le Petit Palais présente par ailleurs des photographies d’Alexandrie aujourd’hui réalisées par le Brésilien Carlos Freire.
LA GLOIRE D’ALEXANDRIE, jusqu’au 26 juillet, Musée du Petit Palais, av. Winston-Churchill, 75008 Paris, tél. 01 42 65 12 73, tlj sauf lundi 10h-17h40, jeudi 10h-20h. Catalogue Paris-Musées/Afaa, 352 p., 250 ill. coul., 100 n&b, 340 F., ISBN 2-87900-398-9.
ALEXANDRIE RETROUVÉE, colloque au Palais de l’Unesco, 7 place Fontenoy, 75007 Paris, le 12 mai, de 14h à 18h.
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Alexandrie retrouvée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : Alexandrie retrouvée