Les Enfants du paradis, Hôtel du nord, Le Quai des brumes, ce sont d’abord des ambiances, des visages, le parfum d’une époque, une musique, et une poésie qui traverse l’écran. Cette poésie naît de la parfaite osmose de tous ces éléments et de la magie des décors. Alexandre Trauner en a créé d’inoubliables. Du boulevard du crime au canal Saint-Martin, des rues des Portes de la nuit aux villes portuaires embrumées, chaque plan est un tableau. Né en Hongrie, Alexandre Trauner (1906-1993) étudie à l’école des Beaux-Arts de Budapest avant de quitter le pays en 1929 pour s’installer à Paris, dans un climat d’effervescence artistique, de liberté et d’invention. Il découvre le monde du cinéma en 1930 avec Sous les toits de Paris, de René Clair, pour lequel il est assistant décorateur. Sa rencontre avec Jacques Prévert en 1932 marque le début d’une indéfectible amitié et d’une prolifique collaboration avec Marcel Carné et Joseph Kosma – lui aussi hongrois –, qui avec Maurice Jaubert écrit la musique de quelques-uns des plus beaux films du cinéma français. Sous l’Occupation, Trauner conçoit clandestinement des décors pour les films écrits par Prévert et réalisés par Jean Grémillon (Lumière d’été) ou Marcel Carné (Les Visiteurs du soir). De la fin des années 1950 jusqu’en 1974, Trauner travaille à Hollywood avec Orson Welles, Stanley Donen ou Billy Wilder. De retour en Europe, il collabore avec Joseph Losey, Bertrand Tavernier (Coup de torchon, 1981), Claude Berri (Tchao pantin, 1983) ou Luc Besson (Subway, 1984). Celui que l’on a souvent qualifié d’« architecte de l’éphémère » est également peintre et photographe. Si ses esquisses, peintures et dessins prennent toute leur dimension sur l’écran, ils n’en restent pas moins des œuvres d’art à part entière. L’Institut hongrois propose une sélection de maquettes, de photographies de plateau et de constructions de décors, ainsi que des clichés pris dans les années 1940-1960 au cours de voyages de repérages. Trauner a travaillé sur quatre-vingts films réalisés et nombre d’autres qui n’ont pu voir le jour mais dont il subsiste des maquettes. Une vie entière dédiée au cinéma et à l’illusion.
« Hommage à Trauner, peintre, décorateur, photographe », PARIS, Institut hongrois, 92 rue Bonaparte, VIe, tél. 01 43 26 12 06, 10 juin-1er juillet.
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Alexandre Trauner, magicien du décor
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°548 du 1 juin 2003, avec le titre suivant : Alexandre Trauner, magicien du décor