« Je suis un peintre qui vient de l’imprimerie » a déclaré Pierre Alechinsky, et on le croit sans peine, tant l’écriture et la gravure occupent une place prépondérante dans son œuvre. Sa biographie est d’ailleurs éclairante. Avant de devenir peintre, l’artiste étudie la typographie et l’illustration de livres à Bruxelles, sa ville natale. Puis il travaille la gravure à Paris, dans le fameux Atelier 17 de Stanley William Hayter. Sa rencontre avec le groupe Cobra, en 1949, est un événement décisif : « La spontanéité, la désinvolture, l’antispécialisation des membres du groupe – des écrivains allant vers la peinture et vice versa – m’ont immédiatement emballé et j’ai adhéré à ces idées avec un grand enthousiasme. » En 1955, Alechinsky réalise un film, Calligraphie japonaise, où transparaît son attirance pour l’écriture idéogrammatique. La référence calligraphique sera de plus en plus prégnante. Alliée au principe de spontanéité et de fraîcheur expressive prôné par Cobra, elle permet à l’artiste de forger pour son propre compte cette sorte d’écriture imageante qui caractérisera son style. Alechinsky est par ailleurs l’auteur de nombreux écrits, et l’« illustrateur » – terme impropre en ce cas car son art n’est pas illustratif – d’une multitude de livres. Il a en effet, non pas illustré, mais enluminé, les ouvrages d’une soixantaine d’écrivains, de Balzac et Proust à Borges, Cortazar, Ionesco, Michon, Scutenaire, Topor...
Son œuvre imprimé est aussi foisonnant et luxuriant que sa peinture, c’est la même vitalité graphique et chromatique, la même verve décorative, avec en plus la variété des techniques et des effets propres à la gravure, la diversité des formats (jusqu’à l’eau-forte géante) et des supports (parfois fantaisistes : factures, vieux actes notariés…). Réalisée en collaboration avec le Centre de la gravure et de l’image imprimée de la communauté française de Belgique à La Louvière, petite ville du Hainaut où elle fut présentée en février 2000, l’exposition déroule pas moins de cinquante ans d’imprimerie, à travers plus de deux cents eaux-fortes, gravures sur bois et lithographies, une cinquantaine d’affiches et une soixantaine de livres illustrés.
« Alechinsky, 50 ans d’imprimerie », METZ (57), L’Arsenal, tél. 03 87 39 92 00, 27 septembre-9 novembre.
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Alechinsky, de papier et d’encre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°551 du 1 octobre 2003, avec le titre suivant : Alechinsky, de papier et d’encre