Pep Agut est un artiste qui a ce que l’on appelle « du caractère », doublé d’un humour redoutable, qu’il n’hésite pas, le moment venu, à s’appliquer à lui-même comme il le fait actuellement dans l’exposition que lui consacre le MACBA. Le titre habilement provocateur de « A los actores secundarios », que l’on peut traduire en français par « Les seconds rôles », est un hommage à ses nombreux compagnons d’infortune – les peintres –, tout ce ramassis de laissés pour compte et d’acteurs de seconde zone que l’institution et sa cohorte de fonctionnaires zélés ne cessent de repousser toujours plus loin, hors de ses cimaises, depuis plus de 20 ans, en les qualifiant de « ringards ». À ce propos, l’œil ficelle, Pep Agut prend un malin plaisir à ajouter que son exposition est bien une rétrospective regroupant une grande part de ses installations de la décennie précédente mais que, par souci d’honnêteté, il aurait été sans doute plus judicieux d’appeler carrément « fausse rétrospective », dans le sens où les œuvres présentées ne sont que des idées, des fonds de tiroirs, ou des projets, jamais réalisés auparavant ou avortés, faute de moyens ou d’intérêt. Elles n’ont pu être réalisées que tout récemment, dans l’optique de l’exposition, uniquement pour satisfaire le musée. Alors, enrobant le tout dans le jargon officiel à la mode, il a préféré regrouper l’ensemble sous les « termes génériques » d’Habitations, Maquettes de lumières, Habitations exactes, Ruines, Magicien, Mur de scène, Fenêtres, Peintures, et autres Projections et Mimes.
BARCELONE, Musée d’Art contemporain, jusqu’au 28 mai.
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Agut joue les seconds rôles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : Agut joue les seconds rôles