« Il ne faut jamais revenir au temps caché des souvenirs, du temps béni de son enfance… », chante Barbara.
C’est pourtant ce que fait Agnès Varda, en exposant au Musée d’Ixelles, à Bruxelles – la ville où elle a grandi. Mais ce, sans jamais tomber dans la nostalgie d’un paradis perdu. Cette cinéaste de 88 ans, également plasticienne, nous ouvre les portes de sa mémoire avec tendresse et humour. Le parcours, qui se déploie sur deux niveaux, s’organise autour d’une reconstitution des étangs d’Ixelles réalisée pour l’occasion et à laquelle se superpose le souvenir du jardin familial. De part et d’autre, à l’entrée, on découvre deux autres nouvelles installations imaginées à partir d’archives personnelles, comme les sept nains de Blanche Neige, le magazine de Félix le chat, des coupures de presse sur la reine Astrid, que sa mère adorait… C’est d’ailleurs à sa mère qu’elle dédie tout un paravent avec des photos de famille au bord de la mer, des puzzles, des cartes postales… Tandis qu’une tricotine transformée en géante et des extraits vidéos révèlent combien souvenirs et fiction, documentaire et imaginaire, s’entremêlent et se contaminent chez cette artiste. À travers une sélection d’installations – on redécouvre notamment avec plaisir le désormais célèbre triptyque vidéo Patatutopia, présenté en 2003 à Venise –, de films (Ulysse de 1982, un extrait de Sans toit ni loi de 1985) et de photographies, qui touchent autant à sa création plastique que cinématographique, Agnès Varda profite de ce retour aux sources pour nous livrer un témoignage émouvant sur les interrogations et les obsessions aux origines de sa création.
Musée d’Ixelles, 71, rue Jean-Van-Volsem, Bruxelles (Belgique), www.museedixelles.irisnet.be
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : Agnès Varda, le retour aux sources