Adam Fuss aux sources de la photographie

Le Museum of Fine Arts de Boston présente la première rétrospective aux Etats-Unis du travail d’Adam Fuss, photographe anglais de 41 ans, vivant aujourd’hui à New York. Adam Fuss s’est rapidement détourné d’une pratique photographique ordinaire et du matériel moderne pour explorer les techniques des débuts de la photographie, notamment l’appareil à sténopé, le daguerréotype et le photogramme. Adam Fuss crée, souvent avec pour seul instrument la lumière, des images éthérées, empreintes d’un sentiment de perte et de désir. Ainsi, d’une robe de baptême, d’un papillon ou d’un cygne mort ne reste-t-il plus que des traces fantômes, habitées par la mémoire de l’objet envolé. Entre expérimentation scientifique et intention artistique, Adam Fuss cherche à ressusciter en l’actualisant la technique naguère laborieuse du daguerréotype. Alors que l’apparition de traces bleues à l’impression trahissait autrefois une surexposition, lui utilise ce bleu pour conférer aux images toute la fugacité d’un poisson argenté. Sa pratique confine souvent à la peinture. Un jaune d’œuf lui sert de soleil pour In Between, œuvre construite en résonnance à la poésie de William Blake. Loin de s’en tenir à la surface des choses et des êtres, Adam Fuss semble vouloir les pénétrer pour en révéler l’âme. Ainsi du photogramme d’un enfant à quatre pattes sur du papier légèrement recouvert d’eau, ou encore d’entrailles de lapins qui, placées directement sur le papier dont l’émulsion se mêle au sang de l’animal, prennent accidentellement des tons hallucinatoires.