La scène artistique française est marquée depuis quelques mois par l’apparition de nombreux collectifs d’artistes, de critiques et de commissaires d’expositions, fait nouveau à l’intérieur d’un champ où les acteurs brillent plus traditionnellement par leur individualisme. L’Arc saisit la balle au bond et ouvre ses espaces à une douzaine de ces structures. Une initiative pour le moins problématique.
PARIS - En 1995, Fabrice Hybert avait transformé l’Arc/Musée d’art moderne de la Ville de Paris en immense supermarché. Pour “Zac 99”, l’institution présente maintenant la physionomie d’une foire-exposition, dans laquelle un ensemble de structures indépendantes disposent de stands pour faire leur auto-promotion. Périphérique, Infozone, Bonaccini / Fohr / Fourt ou Accès Local dévoilent, par exemple, leur mode de fonctionnement, leurs activités et leurs projets, informations relayées par de nombreux tracts. D’autres artistes, comme ceux de Glassbox, ont préféré montrer des œuvres, une trop belle occasion pour eux d’y exposer des pièces qui n’auraient certainement jamais eu l’honneur des cimaises du musée, dans le cadre d’une exposition fondée sur des critères artistiques. L’une des ambiguïtés de l’opération est là : sélectionner des créateurs non pour la qualité de leur production, mais parce qu’ils sont de bons gestionnaires d’associations. Fondée de prime abord sur une bonne intention – donner de la visibilité à des structures indépendantes –, “Zac 99” a créé, au sein de ces associations, des tensions entre leurs membres dont les regroupements ont souvent été guidés par une volonté délibérée de se situer en marge de l’institution. Certains ont vécu comme un reniement cette participation à “Zones d’activation collective”. Ainsi, après avoir longtemps hésité, Public a finalement décliné l’invitation à la dernière minute. Mais, pour suivre ses activités, il suffit de prendre le métro jusqu’à la station “Rambuteau”. L’intérêt de l’exposition est d’autant plus réduit que seules y ont été physiquement accueillies des structures parisiennes, pourtant souvent moins bien implantées que leurs grandes sœurs de province. Pour corser le tout, le musée a fait appel à un scénographe – Olivier Bardin, qui a proposé un joli fond bleu pour les œuvres choisies par Toasting Agency et réciproquement – et à deux commissaires d’exposition indépendants – le couple Moisdon-Tremblay. Si l’on avait voulu noyer le poisson, on ne s’y serait pas pris autrement.
Jusqu’au 28 octobre, Arc/Musée d’art moderne de la Ville de Paris, tél. 01 53 67 40 00, tlj sauf lundi et mercredi 27 octobre 12h-19h. Catalogue, 95 F. ISBN 2-87900-491-8.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°91 du 22 octobre 1999, avec le titre suivant : « Activer » ou « dézactiver » ?