METZ
Exposition - « Exposer consiste à rassembler des objets en un lieu donné, plus ou moins accompagnés de textes, en vue de permettre à des visiteurs de les découvrir. »
Si l’on s’en tient à la définition que le récent Dictionnaire de muséologie (Armand Colin/Icom) donne du mot « exposition », « La répétition » actuellement à l’affiche du Centre Pompidou-Metz est bien une « exposition » : un rassemblement de plus de 130 œuvres (peintures, sculptures, dessins, photographies, vidéos…) de plus de 60 artistes des XXe et XXIe siècles, accompagnés de cartels. Alors, comment expliquer que rien ne ressemble moins à une exposition que « La Répétition » ? Cela tient d’abord à l’absence de démonstration. L’accrochage rassemble une série d’œuvres dont le point commun est le mode opératoire de la répétition, central depuis la naissance de l’art moderne jusqu’à la fin du XIXe siècle – avant, en réalité. Répétition de formes ou de méthodes, citations d’œuvres antérieures… l’historien de l’art et directeur de l’INHA Éric de Chassey entend aller contre l’idée, colportée par le mythe de la modernité, selon laquelle l’art ne serait qu’affaire d’invention et de rupture, de création ex-nihilo. Pour le commissaire de l’accrochage messin, « les collections de nos musées sont généralement fondées sur la recherche des chefs-d’œuvre. Montrer comment la création peut aussi procéder par répétition, insistance, multiplication, comptage, accumulation, plutôt que dans des œuvres ou des gestes isolés, n’en est que plus nécessaire. » Seulement, voilà, « La Répétition » ne le démontre pas, et elle l’assume ! À la place, elle suggère. Ce qui fait passer le visiteur d’un tableau de Marie Laurencin (La Répétition, de 1936, qui a donné son titre à l’événement) à des peintures de François Morellet – un même motif agrandi à cinquante-quatre ans d’intervalle –, d’une série de Mary Kelly à l’œuvre « répétitive » d’Opalka. Cela donne un parcours ouvert, sans chronologie ni parties thématiques, ce qui éloigne encore un peu plus « La Répétition » de l’objet exposition. Car, à bien y regarder, il s’agit davantage d’un accrochage semi-permanent – l’événement dure vingt-deux mois, dont les œuvres proviennent en grande partie de la maison mère : le Centre Pompidou à Paris. Un accrochage, donc, plus qu’une exposition, mais un accrochage qui ouvre, pour citer son commissaire, « des pistes ». Un accrochage jubilatoire au sein duquel le visiteur redécouvre certaines œuvres phares de Hantaï – Peinture, Écriture rose, de 1958-1959 est un chef-d’œuvre –, de Barnett Newman ou de Marlène Dumas, dont le dyptique Ressemblance I et II réinterprète le motif du Christ mort d’Holbein. Sachant que réinterpréter n’est pas répéter, mais bien créer.
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Accrocheuse répétition
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°762 du 1 mars 2023, avec le titre suivant : Accrocheuse répétition