Le Musée d’art moderne et contemporain de Genève ne cesse de jouer de son inhérente modularité pour renouveler ses accrochages et multiplier ses expositions temporaires. Ce ne sont pas moins de huit monographies que présente actuellement ce musée d’un nouveau type.
GENÈVE - Il régnait au Mamco, en ce jour de vernissage de “Vivement 2002”, une étrange atmosphère de concours de beauté. Les salles du musée genevois étaient en effet parcourues par un ensemble de modèles aux coiffures toutes plus originales les unes que les autres. Lancée à l’initiative de la cellule pédagogique de l’institution, cette mini-compétition opposait entre eux les apprentis des métiers de la coiffure, écho naturel aux photographies noir et blanc du Nigérien J.D. ‘Okhai Ojeikere présentées simultanément sur les cimaises. Déjà exposées à la Fondation Cartier, à Paris, ces images de coiffures africaines sont pour l’artiste des “traces mémorables”. “J’ai toujours eu à l’esprit d’enregistrer des moments de beauté, des moments de connaissance, poursuit-il. L’art c’est la vie. Sans art, la vie serait figée.” Ce point de vue trouve à Genève une résonance inattendue dans le travail de Natacha Lesueur. Cette dernière a conçu un environnement qui se déploie dans les trois salles dont elle dispose, confrontant des yeux peints à même le mur à une frise de photographies de jambes recouvertes de différents éléments organiques.
Vivant et travaillant comme elle à Nice, Pascal Pinaud fait état de ses recherches éclectiques, fruits d’un goût renouvelé pour l’expérimentation. Peintures, sculptures, voire objets, convoquent tantôt une histoire de l’art personnalisée, tantôt un jeu sur des techniques empruntées à l’industrie. Distances et proximités s’opposent ainsi en permanence dans un équilibre précaire articulé par une mise en espace méticuleuse. Mais derrière l’acte le plus ostensiblement mécanique, la touche la plus déshumanisée, ne cessent d’apparaître en filigrane la main de l’artisan, le savoir-faire d’une femme ou d’un homme. Ce jeu de cache-cache, dans un sens, est également présent dans le travail de bénédictin de Stéphane Albert, jeune artiste français qui met en exergue dans quelques pages d’une littérature choisie le prénom qui est son nom : Albert.
Dans un Musée où l’accrochage a changé pour l’occasion à près de 70 %, de la salle confiée à la collection Yoon Ja et Paul Devautour au film Ann Lee de Pierre Huyghe, le dernier niveau réunit un ensemble important d’œuvres de Marcia Afif réalisées entre 1961 et 1969. Ces Italian Paintings témoignent d’une évolution chromatique dans un œuvre marqué également par d’exceptionnels collages. Une abstraction moins abstraite.
- VIVEMENT 2002, jusqu’au 29 avril, Mamco, 10 rue des Vieux-Grenadiers, Genève, tél. 41 22 320 61 22, tlj sauf lundi 12h-18h, mardi jusqu’à 21h
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Abstraction faite
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°125 du 13 avril 2001, avec le titre suivant : Abstraction faite