Dans la lignée des grandes manifestations et des rétrospectives encyclopédiques qui lui sont désormais chères, le Guggenheim rassemble 500 œuvres d’art chinois couvrant 5 000 ans, du Néolithique à nos jours. Les œuvres proviennent de dix-sept provinces, et la plupart n’ont jamais été exposées hors de leur pays d’origine.
NEW YORK (de notre correspondant) - “J’ai été séduit par l’idée de monter une exposition qui ne présente pas une sélection de grands chefs-d’œuvre ou une technique particulière, mais qui s’attache à montrer un ensemble très varié et ouvert”. Sherman Lee, ancien directeur du Cleveland Museum of Art, s’est partagé avec Julia Andrews l’organisation de “5 000 ans d’art chinois”. Commissaire de la partie historique de cette gigantesque manifestation riche de 500 œuvres, il a voulu mettre l’accent sur “la diversité plutôt que sur l’unité”.
Bien que “les généralités sur le lieu et l’époque soient inévitables pour comprendre les grandes réalisations de la culture chinoise”, Sherman Lee a soigneusement évité les écueils d’une telle approche didactique : “On risque de noyer la diversité régionale dans une vision trop générale, et de placer sur une ligne du temps faussement continue les différents moments d’innovation.” La notion d’innovation constitue donc l’articulation majeure de l’exposition. “5 000 ans d’art chinois” analyse la révolution conceptuelle qui a conduit les artistes à s’éloigner du surnaturel – évoqué sous les traits d’une imagerie animale – pour davantage se concentrer sur l’environnement humain et naturel, en laissant libre cours à leur inspiration. Elle met également l’accent sur les innovations techniques réalisées dans les domaines du jade, du bronze, de la céramique funéraire, du grès, de la porcelaine, de la sculpture, de la peinture et de la calligraphie.
La tourmente du XXe siècle
La diversité des techniques présentées constitue le second point fort de la section historique. À côté de paysages peints et de laques, le public pourra admirer de fines pièces de textile ou des sculptures bouddhiques, témoins de la rapide propagation de cette religion en Chine. Les objets exposés sont le fruit de cinquante années de recherches archéologiques intenses, axées, selon Sherman Lee, sur la culture matérielle, conformément au credo marxiste. Les œuvres les plus anciennes remontent au Néolithique. Il s’agit de jades exécutés entre 3500 et 1700 av. J.-C., et de bronzes rituels utilisés par les dynasties Chang et Tcheou (1600-256 av. J.-C.). Selon les experts, ces objets ne représentent d’ailleurs qu’une infime partie des richesses archéologiques restées ensevelies.
La deuxième partie de l’exposition rassemble des œuvres modernes, de 1850 – date des premiers grands contacts avec l’Occident – à nos jours. Conçu par Julia Andrews, le parcours est chronologique. Il commence par le mécénat des riches industriels de Shanghai, au tournant du siècle. Le portrait et les fantaisies décoratives se développent alors particulièrement. Il se poursuit avec les créations d’artistes partis étudier en Europe, aux États-Unis ou au Japon entre 1920 et 1949. De nouveaux médiums émergent, comme la peinture à l’huile ou la gravure sur bois. La fondation de la République populaire de Chine, en 1949, est une révolution artistique. L’idéal socialiste s’exprime à travers de monumentales peintures réalistes. Les artistes cosmopolites de la période précédente sont sauvagement persécutés sous la Révolution culturelle. Enfin, l’exposition se clôt sur la relative libéralisation stylistique des dernières années.
5 000 ANS D’ART CHINOIS, 6 féÂvrier-3 juin, Solomon R. Guggenheim, 1071 Fifth Avenue, New York, tél. 1 212 423 3500, tlj sauf jeudi 10h-18h, vendredi et samedi 10h-20h ; en contrepoint, jusqu’au 25 mai, Guggenheim Museum Soho, 575 Broadway, tlj sauf lundi et mardi 11h-18h, samedi 11h-20h. Deux catalogues accompagnent l’exposition.
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5 000 ans d’art chinois au Guggenheim
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°53 du 30 janvier 1998, avec le titre suivant : 5 000 ans d’art chinois au Guggenheim