Ensor et ses pairs, entre admiration et dépassement

Il y a un paradoxe très fort dans l’œuvre d’Ensor que cette exposition au KMSKA entend bien explorer : l’artiste n’a eu de cesse de trouver son propre chemin, tout en célébrant et s’inspirant de ses aînés. Ensor fixe les règles de son art et, en anarchiste convaincu, se détourne de tout ce qui a fait l’histoire de la peinture, notamment de l’impressionnisme, qui exerça pourtant sur lui une influence déterminante.

L’exposition ose ce que le peintre n’aurait peut-être pas osé lui-même : se comparer aux grands maîtres, fussent-ils Édouard Manet ou Edvard Munch. On y trouve, côte à côte, des œuvres d’Ensor, de Claude Monet et d’Auguste Renoir, dont il copie les effets de lumière. Elles ont un double mérite. D’une part, elles montrent l’importance d’un peintre, capable de créer d’égal à égal avec des maîtres de la peinture. D’autre part, elles montrent à quel point l’artiste, dont le musée possède la plus grande et la plus diverse collection, a toujours envisagé son œuvre en se voyant comme un inépuisable pionnier, qui jette sur tout ce qui l’environne un regard où l’humanité le dispute à la satire.