Décès de Göksin Sipahioglu, photographe et fondateur de l’agence Sipa Press

Göksin Sipahioglu est mort mercredi 5 octobre 2011 à l’hôpital américain de Neuilly, âgé de 84 ans. Ce grand reporter turc avait fondé en 1973 Sipa Press, l’une des trois grandes agences parisiennes de l’âge d’or du photojournalisme dans les années 70. Avec Gamma et Sygma, Sipa alimente à l’époque les médias en images et envoie des photographes sur tous les évènements. Après l’avènement du numérique et le développement des agences « filaires » comme l’AFP et Reuters, Sipa Press connaît des difficultés. L’agence est vendue deux fois, en 2001 et en 2011. Göksin Sipahioglu en était resté le président jusqu’en 2003.

Avant l’aventure Sipa, Göksin Sipahioglu travaillait en tant que journaliste et rédacteur en chef d’un quotidien à Istanbul. Comme photographe, il a ensuite couvert tous les grands évènements des années 60. Il s’est notamment singularisé en 1962 en entrant à Cuba en pleine crise des missiles, à bord d’un navire turc transportant du blé. Les clichés rapportés ont fait la une de quarante quotidiens américains.

Le photographe reste également dans les mémoires comme celui qui a donné leur chance à de nombreux apprentis reporters. Abbas, Reza, Françoise Demulder et Luc Delahaye ont notamment commencé grâce à lui. Jean-François Leroy, directeur du festival international du photojournalisme Visa pour l’Image, lui doit également ses débuts dans le milieu. Il se souvient de Göksin Sipahioglu comme « l’un des derniers seigneurs du métier ». C’est en fait le métier lui-même qui change. Le groupe allemand à présent propriétaire de Sipa Press souhaite en effet en faire une agence généraliste.