L’Historial de Vendée s’ouvre à l’art contemporain en proposant un résumé libre de la production artistique de l’après-guerre à nos jours.
LUCS-SUR-BOULOGNE - Un double ovni. L’Historial de Vendée, une construction moderne en pleine campagne, abrite un formidable musée d’histoire de cette région. La collection, déployée à l’aide d’une scénographie imaginative et originale, est entièrement mise au service de la pédagogie.
Mais voici que l’art contemporain fait son irruption. Baptisée « De Chaissac à Hyber », autant dire le grand écart, la manifestation est à l’initiative d’un « amateur vendéen », Henri Griffon, qui, belle coïncidence, se trouve être également le président du Frac (Fonds régional d’art contemporain) des Pays de la Loire. Cette double casquette est-elle la cause du caractère parfois schizophrénique de l’exposition ?
Si l’on veut bien croire que le goût de Griffon soit d’un éclectisme sans fin, on a du mal à trouver le fil conducteur qui relie l’ensemble de ces 70 œuvres, dont certaines sont remarquables, représentant quelque 25 artistes. Ainsi, à l’entrée, une série de « portraits » exécutés par Gaston Chaissac crève l’écran (le musée a fait récemment l’acquisition de deux œuvres de cet artiste « local »).
En face, les tableaux intrigants du peintre un peu oublié Jules Lefranc, des représentations frontales de navires, sont comme des monuments (naïfs ?) à la gloire des constructions navales.
Le parcours se poursuit dans deux salles distinctes. La première, consacrée aux artistes qui pratiquent la figuration, s’ouvre avec la Figuration narrative (Télémaque, Arroyo, Erró), enchaîne avec le Nouveau Réalisme (Jacques Villeglé) et la Figuration libre (Hervé di Rosa), pour s’achever sur des électrons libres (Gilles Barbier ou Alain Bublex). On hésite entre la très grande qualité des œuvres proposées et le prétexte qui les rassemble, celui de « parler le plus efficacement du monde ». De fait, même si la gouache de Barbier (La Tour de Babel, 2004) ou les photographies de Bublex (Plug-in City, 2000) sont composées à partir d’éléments reconnaissables, l’univers mis en scène par ces deux artistes a peu en commun avec la critique politique d’Erró ou le regard social de Peter Saul.
La seconde salle, qui offre un échantillon des collections du Frac, pose le même problème. Tout laisse à penser qu’a primé la volonté de montrer au public l’ensemble des techniques employées par les créateurs contemporains : installations (Nathan Coley), sculptures (Martin Boyce), techniques mixtes ou vidéos (Fabrice Hyber), photographies (Éric Poitevin), peintures (trois aquarelles spectaculaires d’Yves Salomone). Là encore, malgré un choix séduisant, le dialogue entre ces travaux s’instaure difficilement. Le plaisir du regard aurait gagné à s’accompagner d’une disposition plus pédagogique, celle-là même qui caractérise l’Historial.
Jusqu’au 13 octobre, Historial de la Vendée, 85000 Lucs-sur-Boulogne, tél 02 51 47 61 61, www.historial.vendee.fr, tlj sauf lundi 10h-19h.
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Un amateur sur ses terres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°397 du 20 septembre 2013, avec le titre suivant : Un amateur sur ses terres