Montpellier - Il aura fallu, en effet, plusieurs idiomes pour mener à bien ce projet pour le moins original.
Tout commence par un concours que lance, en 2013, la mairie de Montpellier pour l’édification d’une « folie » ou « tour-signal » qui viendrait enrichir le patrimoine architectural de la cité. Le cahier des charges est clair : chaque équipe doit être composée d’un « jeune » architecte associé à un confrère « expérimenté ». Deux « jeunes » agences, Nicolas Laisné et Dimitri Roussel d’un côté, Manal Rachdi (Oxo Architectes) de l’autre, proposent alors à « l’expérimenté » Japonais Sou Fujimoto de postuler de concert, tous trois s’inspirant notamment à l’envi, certes chacun à sa manière, de la nature. À l’été 2013, le triumvirat s’enferme alors une semaine durant dans les bureaux du maître d’œuvre nippon, à Tokyo, avec pour objectif de « réinventer la tour ». Baptisé L’Arbre blanc, leur projet, un immeuble cylindrique de 17 étages comprenant 113 logements, un restaurant, une galerie d’art et un bar, remporte la mise. Surface : 10 225 m2 ; coût : 20,5 millions d’euros HT.Inauguré en juin, sur la rive du fleuve Lez, l’édifice, qui ressemble à une pomme de pin aux écailles bien ouvertes, est hérissé, sur toute sa façade, de pergolas, balcons et autres terrasses – la plus grande mesure 7,5 x 3,5 m ! « C’est comme un village vertical en plein centre-ville, estime Nicolas Laisné, une suite de maisons individuelles empilées les unes sur les autres, avec jardins suspendus et une “place publique” sur le toit-terrasse. » « L’idée, poursuit Sou Fujimoto, était de respecter le climat et le mode de vie montpelliérains, autrement dit de réinterpréter, à travers une architecture nouvelle, cette tradition ancrée du “vivre dehors”. » Résultat : un immeuble de 55 m de hauteur, habillé d’un bardage en aluminium laqué blanc et truffé d’une myriade de mini-ponts-levis en position ouverte. « Ces espaces utilisables en extérieur représentent pas moins d’un tiers de la surface habitable », affirme Dimitri Roussel. On l’aura compris, L’Arbre blanc est tout l’inverse d’une « tour d’ivoire ». Ce que souligne Manal Rachdi : « Cette tour n’est pas une bouteille isotherme étanche : au contraire, elle est écologique et s’ouvre à l’envi en tenant compte des conditions climatiques méditerranéennes. » Protégeant, de fait, la façade, la vaste surface des terrasses, qui font aussi office de brise-soleil, a ainsi permis d’augmenter la surface de fenêtres. Credo de l’« ouverture » oblige, outre les habitants qui disposent d’une terrasse privée sur le toit, n’importe quel visiteur pourra, lui, accéder à une seconde terrasse dédiée, celle du bar panoramique. Au rez-de-chaussée, enfin, les habituels locaux techniques ou rampe de parking ont été relégués aux abords, dissimulés sous deux « buttes » paysagères, pour laisser place à un restaurant et à une galerie d’art, entièrement vitrés… donc ouverts.
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Tour de Babel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Tour de Babel