Neuf photographes prennent leur distance avec la mémoire des événements qui ont marqué le siècle.
TOULON - Les visiteurs défilent dans les salles du musée en silence, sans commentaires. Pas très étonnant, tant la majorité des artistes réunis par Olivia Maria Rubio, le commissaire de cette exposition, font preuve selon elle : « d’une sensibilité particulière envers les conflits belliqueux qui ont lacéré l’histoire du XXe siècle ». Qu’il s’agisse d’Irak (la fameuse œuvre d’Éric Baudelaire), d’Israël (Shai Kremer), de Palestine (Luc Delahaye), manifestement l’appareil photographique est hanté, – on n’ose dire séduit – par la violence. Cependant, les images puissantes, voire poétiques, auxquelles on fait face ont peu en commun avec celles qui défilent sur nos écrans de télévision. Ou, plutôt, un rien les sépare et tout les oppose. Ici, elles sont isolées, agrandies, extraites de leur contexte médiatique et projetées dans l’espace artistique. Plus encore, un regard attentif, découvre que souvent, ces documents dits « objectifs », ne sont que des tableaux vivants, mis en scène (et en distance) et fixés par les créateurs.
Ainsi, la leçon que nous propose l’impressionnante manifestation toulonnaise est à la fois artistique et politique. De fait, on sait que la photographie, malgré la naïveté de cette idée, reste solidement liée au fantasme d’une réalité « véridique », au principe de l’indifférence froide de l’œil automatique de l’appareil. Même si on ne croit plus à cette idée, elle garde toute sa force. En remplaçant les acteurs d’histoire par des acteurs tout simplement, en substituant au réel des effets de réel, les artistes nous mettent en garde contre la religion des images qui prêche « voir, c’est croire ».
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Témoignage reconstruit
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Abonnez-vous dès 1 €jusqu’au 5 janvier, Hôtel des Arts, 236 bd. Maréchal Leclerc, Toulon, tél. 04 83 95 18 40, www.hdatoulon.fr, tlj 10h-18h sauf lundi.
Commissaire : Olivia Maria Rubio, directrice de La Fabrica, Espagne
Nombre d’artistes : 9
Nombre d’œuvres : 60
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°402 du 29 novembre 2013, avec le titre suivant : Témoignage reconstruit