GENNEVILLIERS
Gennevilliers - Vide, ne contenant rien d’autre que lui-même, c’est ainsi que s’offre au regard l’imposant volume de la salle du théâtre de Gennevilliers durant ces quelques heures où il n’y a pas de spectacle, ce moment off qu’a choisi d’investir Dominique Petitgand avec son installation sonore Les Heures creuses.
Ici, la circulation physique est libre, tout comme celle de la matière sonore qui, surgissant çà et là à travers de discrètes enceintes, remplit l’espace de sa présence aussi invisible qu’énigmatique, révélant l’entièreté de son échelle. La trajectoire du regard n’est ainsi pas seule à se perdre dans le vertigineux puits du plafond, à se frayer un chemin parmi les suspensions verticales des cintres surplombant la scène ou à dévaler la forte inclinaison des gradins. Le guide invisible est une étrange poésie sonore faite de mots parfois fragmentés en syllabes comme autant de repères évanescents, qui s’agrège aux bruits et séquences musicales pour former un récit à la fois narratif et abstrait, caractéristique du travail de l’artiste. « Je souhaite que les gens se retrouvent dans un univers familier qui se dérobe à chaque instant », explique Dominique Petitgand. Les bruits et timbres de voix humaines résonnent, se répondent et, parfois, se confondent à différents points de la salle de théâtre. À travers l’écoute modulée au gré des déplacements, l’œil perçoit de nouvelles perspectives. La résonance des sons projetés sur toutes les surfaces du théâtre permet d’en éprouver physiquement les reliefs. Son potentiel dramaturgique n’est pas pour autant évacué puisqu’il y accueille un récit raconté par des personnages fantomatiques. Mais la matière sonore, découpée en sons et fragments de mots, est, en apparence, vide de sens. Si l’utilisation de l’architecture comme support d’une œuvre sonore fait écho aux installations de Bill Fontana et si le découpage intuitif de la matière sonore se rapproche des compositions de Pierre Henry, Les Heures creuses, à leur manière, déstructurent le sens pour restructurer l’espace par une mise en scène du vide qui lui donne toute sa mesure.
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Scènes fantômes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Scènes fantômes