Figure majeure du mouvement Supports/Surfaces, l’artiste français s’en est allé le 4 novembre.
Paris. Louis Cane s’est éteint dans la nuit du 3 au 4 novembre, à l’âge de 80 ans. Peintre, sculpteur mais aussi designer de mobilier, il a occupé une place centrale dans le mouvement Supports/Surfaces, qui révolutionne le rapport à la peinture au début des années 1970. Il laisse derrière lui une œuvre vibrante de couleurs, mélange d’abstraction et de figuration.
Louis Cane est né en 1943, à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes). C’est non loin de là, à Nice, qu’il entame en 1961 des études d’arts décoratifs, avant d’intégrer à Paris l’École nationale supérieure des arts décoratifs puis l’École nationale supérieure des beaux-arts. Il développe dès lors une peinture peu conventionnelle, qui questionne le statut de l’artiste mais aussi le procédé pictural en tant que tel.
Ses réflexions l’amènent à intégrer le groupe Supports/Surfaces. Le mouvement d’avant-garde, qui reste actif trois ans – de 1969 à 1972 –, affirme le pouvoir de la peinture tout en la réinventant, en enlevant la toile du châssis. Louis Cane explore alors l’abstraction, diversifie les matériaux en utilisant plastique, grillage, bois… En 1971, il participe à deux expositions collectives du groupe, tandis que paraît la revue Peinture, cahiers théoriques qu’il a contribué à créer. La même année, il fait sa première exposition personnelle à Paris, à la galerie Templon, puis à la galerie Yvon Lambert.
De 1971 à 1974, il réalise ses emblématiques toiles « Sol-Mur ». Une toile noire est vaporisée de peinture, pliée en deux, découpée et redéployée, avant d’être retravaillée au pinceau. Louis Cane joue ainsi sur le chromatisme, fait de la couleur une composante essentielle de son œuvre. Selon lui, « c’est sans doute à travers la couleur qu’un peintre est confronté le plus avec la réalité et la matière au travail dans la peinture ».
La deuxième moitié des années 1970 marque un tournant dans sa production artistique. Louis Cane retourne peu à peu à la figuration en revisitant des motifs de l’histoire de l’art. De 1973 à 1978, il voyage fréquemment en Italie où il observe les fresques de Raphaël et étudie les peintures de Cimabue et de Giotto. Il se tourne également vers les grands artistes des XIXe et XXe siècles. « J’ai préféré Cézanne, Monet, Matisse, Picasso, Rodin et Manet, parce qu’ils sont l’expression d’une joie, d’une sensualité, d’une rapidité et d’une générosité créatrices sans pareil », expliquait-il. C’est ainsi qu’il réinterprète Annonciations, crucifixions ou déjeuners sur l’herbe, le tout dans une explosion de couleurs.
À partir de 1978, l’artiste explore plus en profondeur la sculpture, pratique qui lui est familière depuis ses années d’apprentissage. II modèle des formes féminines, animalières, des figures qu’il décline en bronze ou en pâte de verre. Il renoue également avec les arts décoratifs en créant un certain nombre de pièces de mobilier, surtout au cours des dernières années de sa vie.
Les œuvres de Louis Cane ont été exposées dans de nombreux musées et galeries dans le monde. Leo Castelli présente son travail à New York en 1977 et 1982. Il fait l’objet d’une rétrospective au Musée d’art contemporain de Montréal en 1976, puis au Centre Georges-Pompidou en 1977. Ses œuvres ont aussi été montrées lors d’expositions du groupe Supports/Surfaces au château de Chambord (1990), au Musée d’art moderne de São Paulo (2000) ou encore au Musée d’histoire du Shaanxi à Xi’an en Chine (2001). Il est représenté par la galerie Ceysson & Bénétière.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Louis Cane (1943-2024)
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°643 du 15 novembre 2024, avec le titre suivant : Louis Cane (1943-2024)