Les intuitions essentielles de Lee Ufan

Pourtant, c’est à Tours, au Centre de création contemporaine Olivier Debré, qu’a lieu sa dernière exposition. Très exactement, dans la galerie noire que comporte le nouveau bâtiment, inauguré en mars. Difficile de savoir si Lee Ufan a choisi cet emplacement ; il préfère assurer qu’il a, avec une sagesse tout asiatique, accepté de faire avec. En réalité, l’obscurité de l’espace, qu’il a subdivisé en six salles, sert à merveille son propos, une déambulation métaphorique de l’ombre vers la lumière. Sol crissant de gravier blanc, épaisses cloisons noires, vibrations régulières d’un gong numérisé, l’artiste a créé les conditions d’une expérience à vivre « à travers le corps ». On y retrouve les éléments de vocabulaire de celui qui fut dans les années 1960 l’un des théoriciens fondateurs du Mono-Ha (« école des choses ») : la relation de la peinture à l’espace et la résonance qui en résulte, la pierre, « amas de temps long » face à la production humaine, le paroxysme recherché dans un geste minimal, l’œuvre comme point de passage, ou de contact. En prenant acte des ténèbres, Lee Ufan entend établir un « dialogue poétique » afin de stimuler en chacun sa propre capacité de création. Là est, selon lui, la lueur d’espoir : « Voilà, dit-il, mon message. »