Helsinki - Rares sont, dans les grandes villes, les parcelles encore disponibles dans l’hypercentre, a fortiori quand il s’agit d’une capitale.
C’est le cas naturellement à Helsinki, en Finlande. Comment dès lors dénicher des mètres carrés bien situés ? À la tête du Amos Anderson Art Museum, la Fondation Föreningen Konstsamfundet, qui cherchait à agrandir son institution phare, a trouvé la solution : investir l’aile d’un bâtiment patrimonial, en l’occurrence le Lasipalatsi (« palais des glaces »), joyau emblématique de la capitale finlandaise datant de 1936, et édifier une partie neuve pour loger les mètres carrés additionnels du programme. Le projet a été confié à l’agence finlandaise JKMM, et le nouveau musée rebaptisé, pour l’occasion, Amos Rex. « Il était pour nous très clair que l’on ne pourrait pas loger l’ensemble du programme dans la partie de l’édifice existant qui nous était dévolue, raconte Asmo Jaaksi, membre fondateur du cabinet d’architectes JKMM. D’où notre choix de creuser sous la place intérieure publique, afin de gagner en sous-sol les mètres carrés supplémentaires nécessaires ». Un travail de titan : quelque 13 000 m3 de roche ont ainsi été excavés, afin de créer 2 200 m2 de salles d’expositions, s’élevant, pour la plus grande, à 10 m de hauteur. Coût des travaux : 50 millions d’euros, comprenant la rénovation de l’édifice patrimonial donc, plus la construction de la partie neuve. Surface totale du musée : environ 8 000 m2.L’entrée s’effectue, avenue Mannerheimintie, par le bâtiment années 1930. Au rez-de-chaussée, se trouvent entre autres la billetterie et la boutique. À l’étage, le splendide hall fonctionnaliste, avec luminaires et mobilier d’époque, a été conservé et restauré, à l’instar de l’auditorium de 490 places. Depuis le rez-de-chaussée, le visiteur, pour rejoindre les salles d’expositions, emprunte un vaste escalier blanc qui descend au sous-sol. Les réserves et divers locaux techniques ont, eux, été relégués un niveau encore en dessous.Modulables, les salles d’expositions arborent un plafond entièrement habillé de pastilles en métal perforé, et un sol fait d’un beau bois debout couleur anthracite. Elles sont éclairées par cinq puits de lumière qui, à l’extérieur, n’hésitent pas à bousculer le sol de la place intérieure publique, lieu ô combien chéri de la population, puisqu’il servit, durant de longues années, de… gare routière. « Ces cinq formes convexes deviennent des signaux extérieurs du musée, estime Asmo Jaaksi. Elles dessinent un paysage ondulé, dont les gens prennent possession à l’envi. » Ce musée produit aussi un espace urbain d’un nouveau genre.
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Le musée invisible
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : LE MUSÉE INVISIBLE