STRASBOURG
Strasbourg - Dans le quartier du Wacken, à Strasbourg, le nouveau théâtre du Maillon prend à rebrousse-poil l’un des grands principes chers à cette typologie culturelle : « Habituellement, un théâtre est un bâtiment très fermé ; nous l’avons au contraire voulu très ouvert, explique l’architecte Umberto Napolitano, coauteur du projet avec Benoît Jallon, de l’agence parisienne LAN.
Nous avons créé une machine artistique qui en redéfinit toutes les limites : entre l’avant et l’arrière, entre l’intérieur et l’extérieur, entre le théâtre lui-même et la ville. » Résultat : un édifice flexible, dont les espaces autres que les deux salles de spectacle principales peuvent se métamorphoser en possibles lieux scéniques. Surface totale : 7 000 m2. Coût des travaux : 20 millions d’euros HT. L’édifice, monumental parallélépipède de 16 m de hauteur percé d’immenses parois vitrées, s’articule autour des deux salles « officielles », sises au cœur du volume. Dans la grande salle (714 places, 13 m de hauteur « sous gril »), les sièges mobiles peuvent être disposés en version frontale, face à la scène, ou de manière bi-frontale, tri-frontale, voire quadri-frontale. Afin d’assurer une meilleure acoustique, les murs sont alternativement revêtus d’un matériau absorbant ou réfléchissant. La petite salle (254 places, 10 m de hauteur « sous gril »), elle, a également été pensée pour être aisément reconfigurable. La preuve : son sol en bois peut accueillir de la danse. Ces deux salles se déclinent selon le principe de la Black Box, autrement dit des espaces efficaces, sans effets décoratifs et tout habillés de noir, histoire de faire la part belle à la scène. Autour d’elles, s’organise le reste du programme, à commencer par le hall d’entrée, vaste pièce de près de 500 m2 cernée de hautes parois verticales pivotantes qui permettent, le cas échéant, de l’ouvrir entièrement, voire de la métamorphoser en scène complémentaire, le lieu étant truffé à dessein de rails techniques. Une flexibilité que propose également la gigantesque cour semi-couverte qui fait office d’« espace-tampon » avec le boulevard attenant. « Le vide est un espace des possibles », estime Umberto Napolitano.Avantage de l’indéniable transparence du volume général : un grand nombre d’espaces sont baignés de lumière naturelle, depuis les ateliers de fabrication des décors, au rez-de-chaussée, jusqu’à une ribambelle de salles à l’étage dont, entre autres, le foyer des artistes, l’atelier de couture, un studio de danse ou les bureaux de l’administration. Un regret toutefois : cette teinte anthracite et un brin triste qui habille les façades, reprenant les codes des Black Boxes intérieures. « Le noir permet de réduire visuellement l’échelle du bâtiment et au verre de se révéler davantage par des effets de transparence et de reflets, se défend Umberto Napolitano. L’idée était de faire que l’enveloppe soit la plus transparente possible. » On l’aura compris : le nouveau Maillon se veut être une scène foncièrement ouverte, au sens figuré comme au sens propre.
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Le "maillon" manquant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Le "maillon" manquant