PANTIN
En raison d’une gestion approximative, le Centre national des arts plastiques déménage temporairement dans un site parisien.
Pantin (Seine-Saint-Denis). Gigantesque. En découvrant le bâtiment en cours de réhabilitation dans lequel le Cnap (Centre national des arts plastiques) doit théoriquement s’installer d’ici à 2027, on est frappé par sa taille. Cet ancien hangar industriel des années 1960 a connu plusieurs usages commerciaux avant d’être désaffecté. Comme 70 autres sites, il figurait, lors de la phase de prospection en 2014-2016, sur la liste des adresses possibles d’Île-de-France pour accueillir ce Centre. Mais il était le seul, par sa superficie (1,77 hectare de terrain), à permettre de réunir les équipes et les réserves au même endroit, explique Simon André-Deconchat, adjoint à la direction du Cnap, en poste depuis le 1er février.
Outre son volume hors norme, le bâtiment bénéficie d’un emplacement stratégique dans une ZAC labellisée « ÉcoQuartier », à proximité de l’A86, du périphérique et du métro (Pantin-Quatre Chemins). Une grande partie de l’activité du Cnap consiste en effet à faire circuler les œuvres de la collection du Fonds national d’art contemporain (qui en compte plus de 100 000), pour répondre aux demandes de prêt ou de dépôt, en France et à l’étranger. En 2022, ce sont 237 œuvres qui ont été mises en dépôt dans une cinquantaine de lieux, et 1 052 autres qui ont été prêtées dans le cadre de plus d’une centaine d’expositions.
Le projet conçu par les agences d’architecture Bruther et Data, qui ont remporté le concours fin 2018, prévoit une intervention a minima pour adapter le lieu à sa nouvelle fonction – notamment en retirant les quais de livraison et en garantissant la stabilité thermique de l’ouvrage. Les réserves occuperont sur plusieurs étages une surface de 22 000 mètres carrés, à laquelle sera ajoutée une imposante galerie de circulation permettant d’optimiser les surfaces de stockage ; les bureaux seront quant à eux regroupés dans une nouvelle construction adjacente en forme de rotonde. Les architectes ont salué cette « stratégie du disponible » qui privilégie de façon pragmatique le réemploi d’une ancienne structure industrielle « solide » articulée à une nouvelle architecture très simple.
Le chantier démarre avec plus de deux ans de retard : à la suite de la crise sanitaire et de l’explosion des prix des matières premières, son budget a considérablement augmenté et le projet, en attente de financement, était en suspens. Le coût total de l’opération est aujourd’hui estimé à 94,4 millions d’euros.
Rachida Dati hérite ainsi de ce dossier résolu et se félicitait lors de sa récente prise de parole de « ce lieu idéal pour les arts plastiques » affecté au Cnap pour une durée de cinquante ans par l’État, qui s’en est porté propriétaire en 2017. La ministre de la Culture, enthousiaste, a proposé de décorer tous les ouvriers du chantier de l’ordre des Arts et des Lettres, « comme ce sera le cas pour les ouvriers du chantier de Notre-Dame et pour les ouvriers du Grand Palais ». « Ce sont les invisibles de secteurs majeurs… Je l’ai demandé au président [Emmanuel Macron], alors faites-moi remonter les noms », a-t-elle dit, s’adressant aux élus et au chef de chantier et assurant les travailleurs présents de « toute [s]a gratitude et [s]a reconnaissance », avant de prendre la pose devant l’objectif avec certains d’entre eux.
Un déménagement « relais »
Paris. Les équipes comme les réserves du Centre national des arts plastiques (Cnap) sont actuellement réparties sur trois sites : deux à la Défense, dans les étages d’une tour et sous l’esplanade, et un troisième à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise). En attendant la livraison du site de Pantin, l’établissement se voit dans l’obligation de quitter ses locaux de la Défense, tout en conservant les réserves qu’il loue dans le Val-d’Oise. Un lieu de transition de 7 000 mètres carrés, baptisé « Cap 18 », a donc été trouvé à Paris, 189, rue d’Aubervilliers, dans le 18e arrondissement, et sera disponible après quelques travaux de mise en sécurité. Le déménagement provisoire doit se dérouler à partir de la fin mai et devrait être bouclé avant le début des Jeux olympiques à Paris. Pendant la période transitoire où le Cnap sera basé à Aubervilliers, quelques milliers d’œuvres seulement (sur les plus de 100 000 de la collection du Fnac au total), réunies à Cap 18 et non encore conditionnées pour le déménagement final, resteront disponibles pour les prêts et dépôts. Le flux de la collection sera ainsi provisoirement ralenti pour trois années, puis quasi gelé plusieurs mois avant l’installation définitive à Pantin, en 2027 si tout va bien.
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Le Cnap s’installera à Pantin avec deux ans de retard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : Le Cnap s’installera à pantin avec deux ans de retard