Victor Vasarely est décédé le 15 mars, quinze jours seulement avant que sa fondation ne dépose son bilan. Sous le coup d’un redressement fiscal de 18 millions de francs, celle-ci ne devrait pas survivre à son créateur.
PARIS - Au début des années soixante-dix, au faîte de sa carrière, Victor Vasarely avait choisi d’implanter une fondation portant son nom près d’Aix-en-Provence, au lieu-dit du Jas de Bouffan, où vécut Cézanne. Il dessina lui-même les plans de ce bâtiment de 5 000 m2, composé de seize structures hexagonales. Inaugurée en 1976 par Jacques Chirac, alors Premier ministre, la Fondation a rapidement connu des problèmes financiers. En 1981, son conseil d’administration confiait sa gestion à l’université d’Aix-Marseille III. À la suite d’une plainte des héritiers lui reprochant malversations et détournements d’œuvres, le doyen Charles Debbasch, ancien président de l’association, a été incarcéré pendant deux mois et demi et poursuivi pour “abus de confiance". La Fondation, qui n’est plus gérée aujourd’hui par l’Université, est sous le coup d’un redressement fiscal de 18 millions de francs, notifié après le constat de la disparition, entre 1982 et 1993, d’actifs en œuvres d’art d’un montant de 43 millions de francs. Fermée au public depuis la fin du mois de janvier, elle devait déposer son bilan le 31 mars.
Le souhait de Vasarely que “sa fondation lui survive" ne devrait donc pas être exaucé, la Direction des Musées de France semblant peu encline à en assurer la pérennité. Né à Pecs en Hongrie, en 1908, Victor Vasarely s’installe à Paris en 1931 pour travailler dans la publicité, chez Havas et Draeger. Il participe en 1944 à la fondation de la galerie Denise René, qu’il inaugure avec sa première exposition, avant d’abandonner toute activité publicitaire. Tourné dès 1952 vers l’abstraction, il invente le cinétisme, art qui joue du mouvement induit par des formes géométriques – cercle, carré, losange, cube – et leur chromatisme. Opposé au concept d’œuvre d’art en tant qu’objet unique, il a multiplié les reproductions et estampes. Ses affiches ont recouvert de nombreux panneaux urbain en France, ses créations étant devenues très à la mode dans les années 1960 et 1970. À l’annonce de son décès, le ministre de la Culture, Philippe Douste-Blazy, s’est “engagé à présenter une rétrospective de l’œuvre de Victor Vasarely dans les prochaines années".
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Le cinétisme orphelin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°35 du 4 avril 1997, avec le titre suivant : Le cinétisme orphelin