« Agresser la rétine, n’est-ce pas la faire effectivement vibrer ? » De Victor Vasarely (1906-1997), on connaît surtout ses emblématiques modules colorés titillant nos pupilles qui ont alimenté, pour certains jusqu’à l’écœurement, durant la seconde moitié des années 1960 et lors de la décennie suivante, les panneaux d’affichage parisiens, les journaux de mode, les pochettes de disques ainsi que les plateaux de télévision ou de cinéma.
Un an après sa rétrospective à succès au Centre Pompidou, le Musée du Touquet-Paris-Plage se propose, sans les moyens de l’institution parisienne bien sûr, de revenir sur le parcours créatif de Vasarely, artiste longtemps trop populaire pour être apprécié à sa juste importance, afin d’éclairer les logiques de ce père de l’art optique ayant donné naissance à un véritable espéranto visuel. Plutôt que de miser sur l’attendu cube blanc, les deux commissaires de la manifestation, Henry Périer (critique d’art) et Pierre Vasarely (petit-fils du plasticien), se servent habilement de l’écrin particulier de cette villa-musée au style anglo-normand si typique pour dévoiler, façon cabinet de curiosités, son vocabulaire plastique. Au gré des boiseries, des cheminées et des salles en enfilade, les visiteurs suivent un parcours chronothématique de plus de soixante-dix œuvres, qui va des débuts du créateur dans la publicité jusqu’à ses iconiques illusions d’optique futuristes en passant par ses géométries du réel. Cette scénographie particulière, misant moins sur le spectaculaire que sur l’intime et le pédagogique, nous donne bientôt à penser que l’on visite la maison-atelier d’un grand-père inventif fort attachant dont les tours de passe-passe, longtemps passés pour ringards, se révèlent en fait des plus percutants !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Pour un revival Vasarely
