Le Centre Pompidou accueille une grande exposition hommage à l’un de ses concepteurs, le Britannique Sir Richard Rogers.
PARIS - Dès l’entrée de l’exposition « Richard Rogers Architectes », présentée actuellement au Centre Pompidou, à Paris, le visiteur est saisi par un sentiment de clarté, de lisibilité : 1 150 m2 de lumière et de simplicité, rehaussés par des touches de couleurs acidulées, presque « fluo », plus anglaises que nature. À main gauche, une longue cimaise chronologique qui retrace la carrière – projets et réalisations mêlées – de Richard Rogers, architecte britannique, coauteur avec Renzo Piano du Centre Pompidou, lequel fête, justement, cette année, son trentième anniversaire. Et puis, envahissant l’espace de la Galerie sud, une cinquantaine de tables, réparties en huit « îlots urbains » qui illustrent autant de thèmes (Lisibilité, Transparence, Public, Systèmes, Environnemental, Légèreté, Urbain, Travaux en cours) développés au fil des projets. Parmi ces derniers émergent le Centre Pompidou à Paris (1971-1977), la tour Lloyd’s (1978-1986) et le Dôme du Millenium (1996-1999) à Londres, le palais de justice de Bordeaux (1992-1998), le terminal 4 de l’aéroport Barajas à Madrid (1997-2005), le Parlement du Pays de Galles à Cardiff (1999-2005)...
Avec, à chaque étape, le sentiment de ce qu’Olivier Cinqualbre, commissaire de l’exposition, nomme « l’heureux mariage d’une technicité éprouvée et de la plus grande considération pour les usagers ». En outre, si Rogers s’attache à explorer la modernité dans ses architectures, il n’en néglige pas moins leur insertion dans le tissu urbain. D’une maquette à l’autre, ces convictions se précisent, renforcées par les images vidéo qui les accompagnent et qui vont plus loin dans l’analyse des structures et des systèmes constituant la marque de l’architecte, récompensé en juin par le Pritzker Prize (le « Nobel de l’architecture »).
Architecture expérimentale
Cette exposition réjouit aussi bien le spécialiste, l’amateur éclairé que le néophyte, tant sa lisibilité est immédiate, soutenue par un somptueux catalogue édité par le Centre Pompidou. Si les quatre grandes expositions monographiques d’architecture précédentes (Portzamparc, Nouvel, Piano, Mayne) faisaient, respectivement, la part belle à l’objet, à l’image, au travail et à l’expérimentation, celle-ci, à l’évidence, pose la question du passage d’une modernité à l’autre. On pense dès lors à un texte de Frédéric Migayrou publié dans la dernière livraison de la Lettre de l’Académie des Beaux-Arts (no 50, automne 2007) expliquant que : « jamais l’architecture n’a été aussi proprement expérimentale, elle n’est plus prescriptive d’images globales, de bâtiments phares qui ont une valeur manifeste, elle échappe aux styles ou aux formes pour tout entière s’attaquer aux langages et aux processus ». Un pied dans chaque camp, Richard Rogers serait-il le chaînon manquant ?
Jusqu’au 3 mars 2008, Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, 75004 Paris, tlj sauf mardi 11h-21h, www.centrepompidou.fr. Catalogue, 200 p., 39,90 euros.
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Le chaînon manquant
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaires : Richard Rogers et Olivier Cinqualbre, conservateur du département architecture et design au Centre Pompidou - Scénographie : AB Rogers Design
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°271 du 14 décembre 2007, avec le titre suivant : Le chaînon manquant