C’est une table haute et belle comme une sculpture d’Isamu Noguchi. Elle a été conçue par les deux designers anglais en vogue, Edward Barber et Jay Osgerby, pour l’éditeur transalpin B&B Italia.
Leur inspiration est, à n’en point douter, venue d’Orient, comme en témoigne le patronyme donné à ce meuble : « Tobi-Ishi ». Il s’agit du nom donné aux pierres qui font office d’ornement dans les jardins traditionnels japonais, des lieux dans lesquels l’équilibre de la composition est l’essence même de toute réalisation. Dans cette table également, il est question d’équilibres, à la fois formels et statiques. Celle-ci se caractérise par un plateau en léger porte-à-faux et par des piétements qui, selon l’angle de vue, apparaissent différents, comme autant d’allusions formelles à ces fameuses pierres polies des jardins japonais. Mais l’élément le plus original reste sa texture. Aussi bien les piétements, réalisés en Baydur®, un polyuréthane expansé, que le plateau en bois sont revêtus d’un « enduit » de ciment aussi délicat qu’une peau. La finition, quasi artisanale, lui donne l’épaisseur d’un granit. Bref, l’objet est une réussite. D’ailleurs, il plaît tellement que le duo vient d’en décliner deux nouvelles versions : l’une en marbre blanc de Carrare, l’autre en marbre noir de Marquina.
Edward Barber et Jay Osgerby ont fondé leur propre studio en 1996, à Londres, aussitôt après avoir décroché leur diplôme au Royal College of Art, célèbre école de design de la capitale britannique. À 44 ans chacun, ils sont devenus des stars planétaires après avoir dessiné l’objet le plus médiatisé de l’année 2012 : la torche olympique des JO de Londres. À l’agence BarberOsgerby, désormais, les projets se télescopent à l’envi. Ils œuvrent notamment pour une multitude de fabricants italiens. En France, pour la firme Tectona, ils ont conçu le banc Deauville, réinterprétation élégante et sobre du traditionnel banc de jardin.
En janvier, pour fêter les 150 ans du métro londonien (1863-2013), Barber et Osgerby ont imaginé la nouvelle pièce de 2 livres sterling. Celle-ci montre l’image familière d’un wagon du fameux « Tube train » débouchant d’un tunnel. Dans une amusante mise en perspective, le périmètre externe de la pièce est judicieusement utilisé pour représenter la voûte dudit tunnel. À Londres toujours, le duo va s’attaquer à une institution historique : le Science Museum, sis dans le quartier de Kensington, pour lequel il va aménager une nouvelle galerie de 3 500 mètres carrés dont la livraison est programmée pour septembre 2014. Enfin, le Design Museum leur consacrera une vaste rétrospective à partir de janvier 2014. Suprême consécration !
Barber & Osgerby, table Tobi-Ishi, éd. B&B Italia, 3 863 euros.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La table « Tobi-Ishi »
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°385 du 15 février 2013, avec le titre suivant : La table « Tobi-Ishi »